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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE

Certains orientalistes ont tendance à édulcorer l’histoire et
présentent l’islam comme une religion tolérante. Ils idéalisent ce
qu’ils appellent « l’âge d’or » des trois religions en Andalousie.
Cette région ainsi que l’Afrique du Nord furent pourtant des terres
d’humiliation et de persécutions organisées par les Almohades.
368
D’après l’islamologue Bernard Lewis , les persécutions
qu’endurèrent les juifs sous domination musulmane n’étaient pas
aussi systématiques qu’elles le furent dans le monde chrétien.
Pourtant, après avoir fui l’Andalousie, Maïmonide écrivit :
« Jamais ne se leva une nation plus haineuse qu’elle [les arabes],
qui nous [juifs] a fait subir une telle extrême souffrance ; de
nous abaisser, de nous mépriser, […]. Et nous continuons encore de
supporter leur joug, leurs mensonges et sarcasmes, plus qu’il n’est
dans notre capacité […]. Chaque fois que nous tentons de faire la
paix avec eux, ils nous persécutent » .
369
L’islam s’est bien inspiré du christianisme. Voulant justifier
un messianisme étranger aux prophètes d’Israël, il s’appropria à
son tour de leurs paroles. C’est aussi en maintenant leurs adeptes
dans l’ignorance de ce qu’elles devaient au judaïsme que ces deux
religions se construisirent.


Les divisions dans l’islam
Mohammed considérait ses adeptes d’Arabie comme les meilleurs

d’entre les peuples. L’historien Ibn Khaldoun quant à lui semble
avoir émis des réserves quant aux bédouins islamisés et les
critique durement .
370
Le Coran relate souvent le conflit entre juifs et chrétiens :
« Nous avons suscité entre eux [juifs et chrétiens] l’inimitié et
la haine jusqu’au Jour de la Résurrection » (5, 14) ; « Ceux qui
émiettent leur religion [les juifs] et se divisent en sectes [une
partie croit en Jésus et l’autre le rejette], de ceux-là tu n’es
responsable en rien, leur sort ne dépend que de D-ieu » (6, 159).
Les juifs eux-mêmes seraient divisés. Quand une tribu juive de
Médine ne se soumettait pas à Mohammed, ce dernier ironisait :
« Ils ne vous combattront que retranchés dans des cités fortifiées
ou derrière la muraille. Leurs dissensions internes sont extrêmes.
Tu les croirais unis, alors que leurs cœurs sont divisés. Ce sont
des gens qui ne raisonnent pas » (59, 14). Les juifs
s’entretueraient : « Quoique ainsi engagés, voilà que vous vous
entretuez, que vous expulsez de leurs maisons une partie d’entre
vous » (2, 85/79). Mohammed pensait que ses adeptes seraient mieux
guidés : « Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il [le livre, la
Torah] avait été apporté, qui se mirent à se disputer […]. Puis A-
llah, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent en cette Vérité sur
laquelle les autres se disputaient » (2, 213/209). Ses adeptes
formeraient donc le meilleur d’entre les peuples (3, 110). Son
désir ne se réalisa pas. Des dissensions qui s’exprimaient parmi
les Arabes de son vivant, comme le montre le Coran, allèrent en


l’accord et occupa La Mecque. Les musulmans prétendent que c’est un ange qui lui
en donna l’ordre.
368 Bernard Lewis, Juifs en terre d’islam, Paris, Calmann-Lévy, 1986.
369 Épître au Yémen, 1172. D’après Maïmonide, l’antijudaïsme du christianisme et
de l’islam exprime l’antijudaïsme universel des nations contre le peuple élu. Il
est la conséquence de leur jalousie envers l’élection de ce peuple et de sa
Torah.
370 Al Muqaddima, op. cit., chap. II 25-26, « La civilisation bédouine ».



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