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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE

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Les livres de guerres et d’histoire relatent comment un butin
fabuleux tomba aux mains des croyants quand ils s’emparèrent de la
Babylonie, de la Perse et de l’Afrique du Nord.
Mohammed reproche aux juifs médinois de ne pas l’aider dans les
batailles qui l’opposent à des tribus arabes encore païennes. Se
comparant à Saül, il leur rappelle alors l’infidélité de certains
de leurs aïeux qui refusèrent de prendre la défense de leur roi :
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« N’as-tu pas vu le Conseil des fils d’Israël après Moïse dire à
l’un de leurs prophètes [Samuel] : Désigne-nous un roi que nous
combattions sur le chemin de D-ieu […]. Mais lorsqu’il leur fut
prescrit de combattre, ils se détournèrent ; à l’exception d’un
petit nombre d’entre eux » (2, 246).
Il est évidemment malaisé de faire renoncer des païens à leur
culte des idoles et à leurs coutumes. Des forces considérables
furent déployées par les musulmans pour y parvenir. Prenant exemple
sur l’Église, Mohammed et ses successeurs usèrent de la contrainte,
et cela également à l’encontre des juifs et des chrétiens : « Où
qu’ils [les juifs] se trouvent, ils sont frappés d’avilissement, à
moins d’un secours providentiel d’A-llah ou d’un pacte conclu avec
les hommes. Ils ont encouru la colère d’A-llah, et les voilà
frappés de malheur, pour n’avoir pas cru aux signes d’A-llah, et
assassiné injustement les prophètes, et aussi pour avoir désobéi et
transgressé » (3, 108-112) .
Durant les six siècles précédant l’avènement de l’islam, les
juifs récusaient les missionnaires chrétiens qui essayaient de les
évangéliser. Ils subirent conversions forcées et massacres
e
collectifs, particulièrement à partir du IV siècle, quand l’Empire
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romain adopta le christianisme comme religion officielle . Les
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centres d’études de Judée furent dévastés, les rabbins durent
fuir, principalement vers la Babylonie, où ils bénéficièrent,
pendant un certains temps, de tolérance religieuse. Quand Mohammed
se présenta aux juifs et leur demanda de croire aux Évangiles, ils
le rejetèrent comme leurs aïeux avaient rejeté le christianisme.
L’histoire se répéta alors avec les musulmans. Sous les ordres de
Mohammed, ils massacrèrent des juifs à Médine en 627, à Haïbar et
Fadak en 629 . Le deuxième calife et beau-père de Mohammed, Omar,
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surnommé le bien dirigé, les persécuta à son tour à partir de 634.



362 Magazi.
363 Voir Tabari.
364 Samuel I 10, 1.
365 L’historien français Jules Isaac, Jésus et Israël, Paris, Fasquelle, 1959 ; Genèse de
l’antisémitisme, Paris, 10-18, 1998 ; L’Enseignement du mépris, Paris, Grasset, réed. 2004, a démontré que
l’enseignement du mépris par l’Église à l’égard des juifs a fait le lit de
l’antisémitisme nazi qui a provoqué la mort de près de 6 000 000 de juifs. Ses
livres eurent un large écho et contribuèrent à ce que le Pape, dans les années
soixante, enjoigne à ses fidèles de considérer les juifs comme des « frères
aïnés ». Depuis Vatican II, la curie romaine est partagée entre ce nouveau courant
de l’Église et les conservateurs réactionnaires, voir Times du 30 Mars 1998, et
l’article de Hillel Roiter dans Kountrass News, Jérusalem, mai 2004.
366 Après l’échec de la guerre de libération nationale menée en 135 par Bar
Kochbah, la Judée fut nommée Palestine par les Romains qui entendaient ainsi nier
le lien des juifs avec cette terre, comme le désirent de nos jours certains
musulmans.
367 À Hudaybya, Mohammed avait conclut avec les Arabes mecquois un pacte de non-
agression pour une durée de dix ans, durant laquelle ces derniers s’engageaient à
ne pas soutenir ses opposants. Se trouvant ainsi en sécurité, il prit
immédiatement le contrôle des juifs de Haïbar ; les Mecquois tinrent leur
promesse et n’intervinrent pas. Après sa conquête de Haïbar, Mohammed viola



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