Page 91 - LJC Francais
P. 91
NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE
évoque aussi leur récompense quand D-ieu les ramènera sur leur
344
terre .
Rapporter uniquement les critiques des prophètes juifs à l’égard
de leur peuple, tout en omettant les paroles d’amour qui les
accompagnent, équivaut à mettre de fausses paroles dans la bouche
des vrais prophètes.
Ce procédé fut un impératif pour le maître chrétien à Médine ;
en effet, il se doit de justifier son indépendance et la liberté
qu’il prend à l’égard de la religion juive. Mohammed doit aussi
motiver ses agressions physiques contre des juifs. En conséquence,
il semble faire sien le proverbe selon lequel qui veut tuer son
chien, l’accuse de la rage. Entre cette diffamation et celle des
chrétiens qui accusèrent les juifs de meurtre rituel, il n’y avait
qu’un pas. Il fut vite franchi.
La virulence d’une diffamation est proportionnelle aux crimes
commis par les diffamateurs contre ceux qu’ils diffament et à la
justification qu’ils recherchent à leurs méfaits. Combien de crimes
doivent donc couvrir les accusations des chrétiens et des musulmans
contre les juifs !
Le droit de juger
Est-il honnête de la part des musulmans de juger les compagnons
de Moïse ? Comment justifient-ils les errements des compagnons de
Mohammed ? Lorsque le calife ‘Uthman fut assassiné en l’an 656, le
calife Ali fut soupçonné d’en être responsable. Une guerre
fratricide, la Fitna, déchira la jeune communauté musulmane. Ibn
345
Khaldoun écrit à ce sujet : « Tous ceux-là se souciaient de
l’islam et ne négligèrent aucun aspect religieux de la question.
Ultérieurement au meurtre du calife ‘Uthman, ils réfléchirent et
jugèrent de manière indépendante. D-ieu connaît les circonstances.
Il connaît ces hommes. Nous ne pouvons avoir d’eux que la plus
haute opinion, en raison des circonstances et du jugement favorable
346
que le Véridique [Mohammed] portait sur eux » . On ne peut donc
qu’avoir la plus haute opinion des compagnons de Moïse, en raison
des circonstances et du jugement favorable que le Véridique [D-ieu]
portait sur eux.
Une certaine contradiction du Coran
Le Coran se contredit à propos des juifs qui ne reconnaissent
pas Jésus : « Il y a parmi le peuple de Moïse une communauté qui se
conduit selon le droit et la justice » (7, 159) ; « Mais, ils ne
sont pas tous pareils. Il est parmi les gens du Livre une
communauté droite qui, aux heures de la nuit, récite les versets de
D-ieu en se prosternant. Ils croient en D-ieu et au jour du
jugement, qui commettent de bonnes actions, des gens saints et
pieux » (3, 109-115).
À qui fait-il allusion ? Certainement pas aux sadducéens qui ne
croient pas au monde futur. Il ne reste donc que les pharisiens –
ils seraient donc mentionnés dans le Coran comme étant pieux – ou
les chrétiens, que Mohammed considère comme faisant partie du
344 Jérémie 32-33 et nombreux autres.
345 Célèbre historien et sociologue musulman, (Tunis 1332-Le Caire 1406). Son
œuvre principale, Kitâb al-‘Ibar, est précédée d’une « Introduction », Al
Muqaddima, op. cit., qui compose à elle seule un livre.
346 Al Muqaddima, op. cit., III, 28.
91