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ANNEXES
À La Mecque, Mohammed n’a pas évoqué les préceptes qui sont
spécifiques aux juifs. Il n’a abordé que des sujets généraux, tels
la foi en un D-ieu unique, en Moïse, au monde futur, les
commandements fondamentaux destinés aux fils de Noé. Il semble donc
que le premier maître n’ait pas conçu de convertir les arabes à la
religion juive. Si le premier maître était juif, le projet de
ramener les arabes à D-ieu émanait-il de lui-même, ou fut-il
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influencé par les rabbins de l’époque ? Les juifs étant
persécutés, tant par les chrétiens du monde romain et byzantin,
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qu’en Babylonie et en Perse par l’Empire sassanide , les rabbins,
en apportant aux Arabes la foi en D-ieu et la confiance dans le
peuple juif, pouvaient espérer contrecarrer ces persécutions. De
plus, ayant connaissance de la prophétie selon laquelle l’Empire
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d’Ismaël allait se dresser sous peu , ils auraient envoyé l’un
d’eux à La Mecque, cité importante, pour diffuser la foi. Mais ça
n’est là qu’hypothèses.
À moins que la naissance de l’islam ne soit due qu’au hasard, la
rencontre d’un Arabe avec une juive…
LES CONTRADICTIONS DE MOHAMMED
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Les musulmans avancent d’autre preuves de l’origine céleste du
Coran Mushaf ‘Uthmân. Il ne se contredirait jamais :
« N’approfondissent-ils pas le Coran ? Si le Coran ne venait pas de
D-ieu, n’auraient-ils pas dû y trouver des contradictions ? » (4,
72-84).
Mais comme nous l’avons déjà expliqué au chapitre II, le Coran
que Mohammed glorifie n’est pas le Coran Moushaf ‘Uthmân ; ce
dernier est une création tardive et se contredit maintes fois. En
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fait, Mohammed se réfère à un autre Coran, la loi de Moïse .
À La Mecque, lorsqu’il est soupçonné de mentir, il répond : « Et
lorsque nous intervertissons une parole à la place d’une autre […],
D-ieu sait ce qu’Il a fait descendre […] [les renégats arabes]
disent : certes tu es un menteur ! Mais la plupart ne comprennent
pas ; [son maître lui dit] : Dis-leur : en vérité, D-ieu l’a fait
descendre par l’Esprit saint [à Moïse] […] et nous savons déjà que
[les Arabes] disent : cet homme qui enseigne cela s’est contredit
[et a interverti une parole contre une autre]. Mais la langue de
cet homme est une langue étrangère, et celle-ci c’est de l’arabe
pur » .
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On peut expliciter ces versets ainsi : Le maître a demandé à
Mohammed de rapporter aux Arabes un sujet de la Torah ; il emploie
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alors des expressions hébraïques . Les Arabes ne comprenant pas
bien ses termes, le maître lui demande de les traduire en arabe.
538 Les Rabbanes Sevouraïs.
539 Voir la Lettre de Cherira Gaon (906-1006). Il décrit entre autres les rapts
d’enfants et les nombreux cas de conversions forcées ; le Talmud relate également
les souffrances que les juifs endurèrent en Babylonie. Cherira Gaon rapporte
entre autres que quand Ali, le gendre de Mohammed, a conquis l’Irak, le rabbin
Isaac, chef de l’Académie talmudique est sorti avec toute sa communauté à sa
rencontre et l’accueillit comme un roi.
540 Voir Épître au Yémen de Maimonide, Paris, Gallimard, 1993.
541 Voir page 170.
542 Une lecture superficielle de la Torah peut faire penser qu’elle comporte des
contradictions, mais en approfondissant et en tenant compte des commentaires
rabbiniques, tout s’éclaire.
543 16, 101-103/103-105.
544 Ou araméennes, comme fréquemment dans le Coran : Chékhinah, etc.
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