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ANNEXES
UN PROPHETE POUR REFORMER LA TORAH ?
Un texte du Coran ferait allusion à une vive discussion entre
Mohammed et les juifs. Le sujet porte sur la question de savoir si
la Torah de Moïse annonçait la venue d’un prophète qui procéderait
à sa modification. C’est là le sujet de la polémique récurrente
entre chrétiens et juifs.
Les juifs signalent aux adeptes de Mohammed que seule une partie
de ses paroles serait vraie : « Ainsi dit une partie des gens du
Livre : au début du jour, croyez à ce qui a été descendu, et à la
fin du jour, rejetez-le » (3, 62/72). Pour saisir la teneur du
débat, citons encore d’autres versets : « Les juifs disent : La
main de D-ieu est fermée [après Moïse, D-ieu n’enverra plus de
prophète pour changer la religion]. Que leurs propres mains soient
fermées, et maudits soient-ils pour l’avoir dit. Bien au
contraire : Il distribue Ses dons [de prophétie] selon Sa volonté.
Et certes, ce qui a été descendu vers toi de la part de ton S-
eigneur » (5, 64) ; « Il en est parmi les juifs qui détournent les
mots de leur sens, interprétant Sami’nâ wa ‘asaynâ par : nous
entendrons et n’exécuterons pas […]. Ils déforment le sens […].
S’ils avaient dit : Nous écouterons et nous exécuterons […] c’eût
été meilleur pour eux et plus droit » (4, 48/46-50/47).
En fait, la discussion porte sur un certain passage du Pen-
tateuque. Lorsque les juifs, au pied du mont Sinaï, entendirent les
Dix commandements, ils éprouvèrent une terrible crainte. Les chefs
des tribus demandèrent alors à Moïse d’être le seul à écouter la
suite des paroles de D-ieu qu’il transmettrait tandis que le peuple
s’engagea à s’y soumettre : « Véshamanou véassinou – et nous
écouterons et nous exécuterons » (Deutéronome 5, 19-29).
Mohammed prétendant que Jésus aurait aboli une partie de la
Torah, les juifs refusent de l’écouter. Pour eux, D-ieu n’enverrait
jamais un prophète dans ce but – la main de D-ieu est fermée.
Mohammed leur rappelle alors que les juifs au Sinaï promirent : « et
nous écouterons et nous exécuterons ». Plusieurs juifs de Médine lui
répondent qu’il ne faut pas comprendre : nous écouterons et nous
exécuterons au sens affirmatif, mais interrogatif : allons-nous
écouter et exécuter ? Sur cela, Mohammed les accuse de mentir. Le
verset : « Il en est parmi les juifs qui détournent les mots de leur
sens, interprétant Sami’nâ wa ‘asaynâ par : nous entendrons et
n’exécuterons pas […]. Ils déforment le sens […]. S’ils avaient
dit : Nous écouterons et nous exécuterons […] c’eût été meilleur
pour eux et plus droit » (4, 48/46-50/47) ne prête pas à équivoque.
Incontestablement, le vrai sens du verset est celui compris par
Mohammed ; l’explication de ces juifs était une provocation ou une
plaisanterie envers quelqu’un qu’ils considéraient comme opportun.
Néanmoins, pour la tradition juive, ce verset ne confirme
absolument pas la thèse de Mohammed. Le Pentateuque (Deutéronome 4,
2 et autres passages) affirme qu’aucun précepte ne sera ajouté ou
retranché de la Loi de Moïse (par l’intermédiaire d’un prophète).
Nous écouterons et nous exécuterons est à comprendre ainsi : nous
écouterons ce que Moïse nous dira au nom de D-ieu et nous
l’exécuterons ! Il est précisé : « Approche-toi [Moïse] et écoute
ce que D-ieu l’É-ternel dira, et c’est toi qui nous parlera de tout
ce que D-ieu te dira et nous écouterons et nous exécuterons ! »
(Deutéronome 5, 24).
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