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ANNEXES

Le Coran relate : « Quand tu disais à celui que D-ieu avait
comblé de bienfaits, tout comme toi-même l’avais comblé : Garde
pour toi ton épouse et crains D-ieu, et tu cachais en ton âme ce
que D-ieu allait rendre public. Tu craignais les gens, et c’est D-
ieu qui est plus digne de ta crainte. Puis quand Zaydum eût cessé
toute relation avec elle, Nous te la fîmes épouser » (33, 37).
À suivre l’exégèse musulmane, celui qui épousa cette femme n’est
autre que Mohammed. Elle aurait été d’abord la femme de Zaydum,
présenté comme son fils adoptif. D’après cette exégèse, ce verset
est donc particulier, car le Coran ne mentionne que des personnages
de la Bible ou du Midrach ; aucun nom des compagnons de Mohammed ou
de ses femmes n’y figure.
En fait, cette histoire ne concerne probablement pas Mohammed,
mais David et Bethsabée. Zaydum n’est autre que Ouri, le premier
mari de Bethsabée. David fauta avec elle et il demanda à Ouri de la
garder comme épouse ; il craignait en effet que sa faute soit
divulguée. Après la mort d’Ouri, D-ieu permit à David d’épouser
Bethsabée ; selon le Talmud, elle avait légalement divorcé de son
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mari avant que David cohabite avec elle (Kétouboth 9 B).
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Le Coran fait allusion dans une autre sourate à l’histoire de
David et Bethsabée. Il rapporte la parabole du prophète Nathan sur
la brebis du pauvre, ainsi que le repentir de David. Ces deux
récits auraient donc dû faire partie de la même sourate, mais les
compilateurs du Coran, par ignorance sans doute, n’ont pas établi
le lien. Il est fréquent qu’une histoire relatée par le Coran soit
interrompue par une autre concernant un sujet bien différent, avant
que le Coran ne revienne au premier sujet.
Après ce verset, la sourate répond à une critique formulée à
l’égard de Mohammed : « Mohammed n’est le père d’aucun homme parmi
vous » (33, 40). Cela laisserait entendre qu’une femme l’accusa
d’avoir eu un fils avec lui. Mohammed se déclare innocent et se
compare alors à Moïse qui fut calomnié à tort : « Ô vous qui
croyez, ne soyez pas comme ceux qui ont offensé Moïse . D-ieu l’a
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déclaré innocent de leurs accusations » (33, 69). Relevons tout de
même que si D-ieu témoigna de l’innocence de Moïse devant ceux qui
le calomniaient, Mohammed fut le seul témoin de son innocence…

E. UN SAMARITAIN DANS LE RECIT DU VEAU D’OR
Lorsque le Coran rapporte l’histoire de la faute du veau d’or,
il précise que c’est le Samari – le Samaritain – qui a fait le veau
(20, 85-87). Indication pour le moins surprenante, car les
Samaritains ne faisaient pas partie de ceux qui accompagnèrent le
peuple hébreu dans le désert. Ils ne furent judaïsés qu’à l’époque
du roi Osée, huit siècles après Moïse. Mais l’expression Samari du
Coran n’est pas fortuite. En fait, deux histoires y sont
amalgamées : celle qui est relatée par le livre de l’Exode et celle
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que rapporte le livre des Rois. D’après le Midrach , ceux qui
fabriquèrent le veau d’or furent les non-juifs qui accompagnaient
les Hébreux. Convertis théoriquement au judaïsme comme plus tard
les Samaritains, ils restèrent pourtant attachés au culte des
idoles . Le roi Jéroboam instaura le culte d’un veau d’or et le
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529 Samuel II 11-12.
530 Coran 38, 16-25.
531 Sa sœur Myriam, Nombres 12, 1-16
532 Midrach Rabbah/Exode 32, 7.
533 Rois II, 17, 24-41.



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