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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE
les ruisseaux, et dans des demeures, dans les jannâti ‘adnin –
jardin d’Éden, Gan Eden en hébreu – […]. Soyez les alliés d’A-
llah, à l’exemple de ce que Jésus, fils de Marie, a dit aux
apôtres : qui sont mes alliés [pour la cause] d’A-llah ? Les
apôtres dirent : Nous sommes les alliés d’A-llah. Un groupe des
enfants d’Israël crut, tandis qu’un groupe nia. Nous aidâmes donc
ceux qui crurent [les juifs évangélisés] contre leurs ennemis [les
juifs qui n’y croyaient pas], et ils triomphèrent » (61, 9-14).
Ce verset suggère une alliance entre chrétiens et musulmans pour
combattre les juifs sur le plan théologique, mais aussi
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physiquement .
Mohammed considérait donc que les juifs qui rejetèrent Jésus
ont été des mécréants. Là, le Coran ne laisse le choix qu’entre
deux hypothèses : son auteur (ou ses auteurs) a développé le même
antijudaïsme virulent que les Pères de l’Église, dont il s’est sans
doute inspiré, ou il était complètement ignorant quant aux raisons
du rejet de Jésus par les juifs.
En vérité, les juifs ne furent pas les seuls à récuser Jésus
comme le Messie et Mohammed comme le sceau des prophètes. De
nombreuses populations à travers le monde restèrent sourdes à leurs
appels, ce qui n’a pas provoqué pour autant cette rancœur des
chrétiens et des musulmans à leur encontre, comme c’est le cas
quand il s’agit des juifs. Cela nous semble être dû au fait que,
contrairement aux juifs, ces populations n’étaient pas impliquées
lorsque le christianisme et l’islam furent fondés ; la prophétie
leur faisait défaut. Par contre, les juifs étaient reconnus par
Jésus et Mohammed comme le peuple élu de D-ieu, à qui Il donna Sa
Loi. Durant son séjour à La Mecque, Mohammed évoque les juifs avec
respect et affection ; il témoigne d’humilité à leur égard. Et ce
sont précisément les maîtres de Jésus et de Mohammed qui
disqualifièrent ces deux nouveaux prophètes.
De plus, les chrétiens et les musulmans n’ont jamais pardonné
aux juifs de ne pas les considérer comme leurs « successeurs »,
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ainsi que le professaient Paul et Mohammed.
L’islam supérieur au judaïsme ?
Mohammed aurait donc placé sa religion au-dessus de toutes les
autres. Mais pensait-il la placer seulement au-dessus du paganisme
ou aussi de la religion juive ? Dans ce dernier cas, croyait-il,
comme le commun des chrétiens, que la religion juive était tombée
en désuétude, ou lui accordait-il une valeur intrinsèque, bien
qu’inférieure à l’islam ?
305 Quand en 1993 Jean-Paul II embrassa le Coran devant la délégation irakienne,
avait-il ce verset coranique à l’esprit ? Cf., Alexandre Del Valle, Le
Totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties, édition des Syrtes, Paris,
2002.
306 « Voilà pourquoi il [Jésus] est médiateur d’une nouvelle alliance, afin que,
sa mort ayant eu lieu pour racheter les transgressions de la première alliance,
ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel promis. Car là où il y a
testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. Un
testament, en effet, n’est valide qu’à la suite du décès, puisqu’il n’entre
jamais en vigueur tant que vit le testateur. De là vient que même la première
alliance [que D-ieu contractait avec les juifs aux Sinaï] n’a pas été inaugurée
sans effusion de sang. Lorsque Moïse eut promulgué au peuple entier chaque
prescription selon la teneur de la Loi, il prit le sang des jeunes taureaux et
des boucs […] (Hébreux 9, 15-19).
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