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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE
À n’en pas douter, le Coran mentionné est la Torah. Pour
rassurer les Mecquois, Mohammed affirme que les miracles accomplis
par Moïse prouvent la véracité de ses dires. Un Sage en
témoignerait et ils peuvent même consulter le Livre chez les
juifs : « Celui auquel une preuve de son S-eigneur a été donnée,
qu’un témoin [son maître] venu de la part de son S-eigneur lui
communique ceci, avant lui [le maître ou son livre] le Livre de
Moïse était déjà un guide et une miséricorde » (11, 17/20).
Mohammed démontre avec force explications qu’il serait
impossible de créer de telles histoires sans être confondu. Au cas
où les Mecquois auraient un livre comparable, il les met en demeure
de le produire : « Ou bien, leur avions-Nous donné avant lui [le
livre en arabe, copie de celui de Moïse] un livre auquel ils
seraient fermement attachés ? Mais plutôt ils dirent : Nous avons
trouvé nos ancêtres sur une religion, et nous nous guidons sur
leurs traces » (43, 20/21-21/22).
L’ange Gabriel
L’ange Gabriel est mentionné deux fois dans le Coran. S’appuyant
sur un verset médinois, les musulmans croient que toutes les
connaissances de Mohammed lui viennent de cet ange : « Gabriel,
avec la permission d’A-llah, nazzalahû ‘alâ qalbika – a fait
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descendre sur ton cœur – pour déclarer véridiques les messages
antérieurs, comme Direction et Annonce pour les Croyants » (2,
91/97).
Ce verset est compris ainsi par les musulmans : Mohammed affirme
que c’est l’ange Gabriel qui a fait descendre le Coran dans son
cœur. Pourtant, comme nous l’avons déjà précisé au Chapitre II,
Mohammed ne se proclama jamais prophète durant son séjour à La
Mecque.
Notre interprétation de ce verset est bien différente : Gabriel
tient une place importante dans l’Évangile et il aurait annoncé la
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naissance de Jean-Baptiste ; le Coran rapporte ce chapitre de
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Luc.
Le maître insistait inlassablement sur le fait que D-ieu
assignait à Mohammed la mission d’instruire les Arabes ; il devait
en cela suivre l’exemple de tous les Messagers. Mohammed est alors
dans un tel état d’exaltation qu’il pense être en relation avec
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Gabriel. Il rêve d’un ange qui l’incite à transmettre les paroles
apprises chez son maître.
Ainsi, au cours de sa première bataille, se sentant transporté
et ayant fait preuve de courage, il est persuadé d’avoir été aidé
par des anges : « D-ieu fit descendre Sa Sakina sur Son Messager
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295 Le terme nazzalahû que le Coran utilise pour narrer la transmission de la foi,
est apparenté au mot hébreu nozèl : ruisseler (Exode 15, 8). C’est l’une des
expressions que le Tanakh emploie pour décrire la transmission de la Torah
(Deutéronome 32, 2 ; Juges 5, 5).
296 Luc 1, 19.
297 Coran 19, 1-15.
298 Mohammed aurait été durant ses discours en proie à une forte agitation ; il
lui serait arrivé d’en transpirer, même en plein hiver. Voir Boukhari.
299 Le mot sakina, en hébreu Chékhinah, signifie la Présence divine dans ce monde.
Chékhinah provient du mot biblique Michkane, que l’on rencontre dans la Torah de
façon récurrente (Exode 25, 8-9 etc. ; Deutéronome 12, 5). Le Coran (2, 249)
mentionne aussi que la Sakina se trouvait dans l’Arche Sainte à l’époque du
prophète Samuel ; là même où Moïse plaça les Tables de Loi (Samuel I, 4, 7).
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