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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE
grands miracles et des prodiges, au point de séduire, s’il était
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possible, les élus eux-mêmes : vous voilà prévenus » .
Quelques preuves quant au prophétisme
de Mohammed
Les musulmans avancent plusieurs preuves du prophétisme de
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Mohammed. N’ayant pas été présent au Sinaï et étant, selon la
tradition, illettré, il n’avait pu avoir accès à la Torah. Ses
connaissances bibliques ne pouvaient donc lui être inspirées que
par D-ieu ! Ce serait l’allusion du verset : « Ceux qui suivent le
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Messager, le prophète léoumi, qu’ils trouvent décrit chez eux dans
la Torah et l’Évangile, seront heureux. Il leur ordonne le
convenable, leur défend le blâmable, leur rend licite les bonnes
choses, leur ôte le fardeau et les jougs qui pesaient sur eux. Ceux
qui crurent en lui, le soutinrent, lui portèrent secours et
suivirent la lumière descendue avec lui, ce sont les gagnants » (7,
157). Qui est ce prophète léoumi dont il est question, qui serait
nommé dans la Torah et l’Évangile ? Quel est le sens du mot
léoumi ? Sur qui pesaient le fardeau et les jougs, dont ce prophète
les soulage ?
Selon l’orthodoxie musulmane, le messager cité est Mohammed,
léoumi signifiant illettré, et il serait question de lui dans la
Torah et les Évangiles. Le fardeau et les jougs sont les
commandements que les juifs ont reçus au Sinaï. Mohammed est venu
pour annuler nombre d’interdictions et débarrasser les juifs du
fardeau, des jougs qui les astreignaient. Mohammed aurait déclaré
qu’il est léoumi – illettré, pour prouver ainsi qu’il est prophète,
car n’ayant pu lire les histoires bibliques, il a forcément été
inspiré par un ange.
On ne peut que s’étonner de cette interprétation. Des juifs
résidaient en Arabie des siècles avant la venue de Mohammed , les
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récits bibliques leur étaient familiers et les habitants du pays
s’y intéressaient .
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Même s’il avait été analphabète, Mohammed n’étant pas sourd, il
pouvait les avoir appris oralement. La tradition musulmane attribue
donc à Mohammed des paroles dénuées de sens. De plus, Mohammed
avait-il véritablement l’intention d’abroger la Torah ? Ne
s’employait-il pas plutôt à faire adhérer les Arabes au judaïsme ?
282 Matthieu 24, 23-25. Voir à ce sujet Kaplan Aryeh, Le Vrai Messie, Jérusalem,
éditions Emounah et I. M. Choucroun, Le Judaïsme a raison, Paris, Sefer, 1955 ; Binyamin
Shlomo Hamburger, Les Faux messies, Édition du C.E.R.J., Bné-Brak, 1993.
283 « Tu [Mohammed] n’étais pas au flanc du Tor [mont Sinaï] quand Nous avons
appelé [Moïse] » (28, 46).
284 Cf., Cheikh Hassan Ayoub, Clarification de la foi musulmane, pages 145-146,
Paris, éditions Okad, 1991.
285 Voir RR. PP. A. Jaussen et R. Savignac, Mission archéologique en Arabie. La
Michnah, consignée cinq siècle avant l’islam, témoigne que les femmes juives
habitant en Arabie, se voilaient le visage comme les bédouines, en laissant
seulement un œil découvert, Talmud Chabbath 65 A.
286 Cf., Nöldeke, Geschichte des Qoran. Voir également l’article du Pr. Claude
Gilliot, « Informateurs Juifs et Chrétiens de Mohammed », Université d’Aix-en-
Provence. Voir aussi chapitre II, Qui est la mère de Mohammed et qui fut son
maître ?, où nous citons Ibn Ishaq et Boukhari selon qui Waraqa, le cousin de la
première femme de Mohammed, a traduit la Torah en arabe. Ainsi cette preuve,
fabriquée ultérieurement, est démentie par les premiers historiens musulmans.
287 L’histoire de Coré et de ses complices que la terre avala (Nombres 16 et Coran
28, 81-82) était très populaires chez les bédouins (Talmud, Sanhédrin 110).
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