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NAISSANCE DE L’ISLAM COMME RELIGION INDÉPENDANTE
être quand il leur proposa de se battre à ses côtés contre les
Arabes polythéistes ou encore quand il demanda à la tribu juive de
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Beni Quraizah de se laisser tuer : « Dis : Si la demeure dernière
[le Paradis] vous [les juifs] est vraiment réservée auprès de D-
ieu, à l’exclusion des autres hommes, souhaitez donc la mort, pour
autant que vous soyez véridiques. Mais, à cause de ce que leurs
mains ont déjà commis, jamais ils ne la souhaiteront […]. Tu les
trouveras sûrement les plus attachés des hommes à la vie, même plus
que les associateurs. Tel d’entre eux désire vivre mille ans » (2,
94-96) . Mohammed semble incapable de comprendre l’amour pour la
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vie qu’éprouvent les juifs. Pour eux, la vie est une grâce divine
qu’ils ne peuvent mépriser .
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Le prédicateur chrétien qui accompagne alors Mohammed lui a-t-il
enseigné le mépris de la vie terrestre, le rejet du corps au
bénéfice de l’âme, comme l’enseignaient certains courants du
christianisme, ou cet état d’esprit était-il courant chez les
bédouins de l’époque ?
Mohammed, sceau des prophètes
Nous avons déjà relaté que Mohammed, durant son séjour à La
Mecque, ne se présentait pas comme un réformateur. Il n’aurait eu
pour mission que de convaincre les Arabes polythéistes de croire en
un D-ieu unique et d’adopter un comportement moral. Il se référait
exclusivement aux prophètes juifs, seuls comptaient pour lui les
textes des juifs.
À Médine par contre, il s’autoproclame prophète et revendique le
titre de sceau des prophètes : « Mohammed n’a jamais été le père de
l’un de vos hommes. Il est le messager de D-ieu et le Hatama-n-
nabiyina [sceau, dernier des prophètes] » (33, 40). Avant
d’expliquer la notion de sceau, précisons que le nom Mohammed ne
figure que rarement dans le Coran .
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L’affirmation que Mohammed serait le Hatama-n-nabiyina ne fut
peut-être ajoutée qu’au moment de la rédaction du Coran Mushaf
‘Uthman, c’est-à-dire après la mort de Mohammed. Nabiyina
s’apparente au terme nabi, avec lequel le Tanakh désigne
principalement les prophètes : « Ils ne se lèvera plus jamais pour
Israël un nabi comme Moïse » (Deutéronome 34, 10) ; « Myriam la
nébïa [prophétesse] » (Exode 15, 20). La racine est nb, exprimer,
prêcher un message d’une grande gravité. Quand Moïse ne peut se
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faire comprendre du peuple – du fait de sa langue embarrassée –,
270 La tradition musulmane rapporte que Mohammed décida de passer au fil de l’épée
six cents ou neuf cents hommes de cette tribu. Les enfants furent réduits en
esclavage de même que les femmes quand elles ne furent pas prises pour épouses
par des arabes.
271 Ce verset incite les terroristes à sacrifier leurs vies en même temps que
celles de leurs victimes.
272 Si, durant le Moyen Âge, des juifs choisirent par familles entières la mort
plutôt que la conversion au christianisme, cela ne résultait pas du mépris de la
vie, mais de leur attachement indéfectible à leur foi, comme la loi le prévoit
(Talmud Péssahim 25 A).
273 « Mohammed est le messager de D-ieu » (48, 29) ; « Mohammed n’est qu’un messager
– d’autres messagers, avant lui, étaient déjà passés. S’il mourrait, donc, ou
s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? » (Coran 3, 144) ; « Ceux qui
ont cru et accompli de bonnes œuvre, et ont cru en ce qui a été descendu sur
Mohammed – et c’est la vérité venant de leur S-eigneur – il efface leur méfaits et
les fait réussir » (Coran 47, 2).
274 Exode 4, 10 et 6, 30.
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