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MOHAMMED À MÉDINE

fait de même avec Jésus. Pour le judaïsme, c’est le peuple dans son
ensemble, les contemporains de Moïse, qui est le témoin. C’est sur
eux que les juifs s’appuient pour affirmer pendant leur prières
deux fois chaque jour : « Écoute [entends, comprends] Israël, l’É-
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ternel est notre D-ieu, l’É-ternel est Un » .
Selon le Talmud, les prières des juifs furent instaurées par les
patriarches Abraham, Isaac et Jacob (Bérakhot 26 B). La structure
définitive du texte fut élaborée par cent vingt sages, les
confrères d’Ézra – dont plusieurs prophètes (Talmud Méguilah 17 B).
Moïse n’est quasiment jamais mentionné dans les prières, à
l’exception de celle du Chabbat. Pour l’islam par contre, tout est
lié. Un seul homme tient tous les rôles. C’est lui qui aurait fait
découvrir D-ieu aux musulmans, c’est à travers lui que les lois
éternelles et universelles et toutes les prières publiques des
musulmans ont été établies. Il serait le sauveur de l’humanité
entière.


Un moralisateur qui ne fait pas de miracles
Mohammed menace les récalcitrants d’un châtiment céleste et,
bien qu’il ne réalise aucun prodige, il se compare aux prophètes
d’autrefois : « Ne vous est-il pas parvenu le récit de ceux d’avant
vous du peuple de Noé, des Ad, des Thamud et de ceux qui vécurent
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après eux, et que seul A-llah connaît ? Leurs Messagers vinrent à
eux avec des preuves, mais ils dirent, ramenant leurs mains à leur
bouche : Nous ne croyons pas en celui avec qui vous avez été
envoyés […], vous n’êtes que des hommes comme nous. Vous voulez
nous interdire ce que nos ancêtres adoraient. Apportez-nous donc
une preuve évidente. Leurs messagers leur dirent : Certes, nous ne
sommes que des humains comme vous. Mais A-llah favorise [par une
inspiration divine] qui Il veut parmi Ses serviteurs. Il ne nous
appartient de vous apporter quelque preuve [miracles] que par la
permission d’A-llah » (14, 9-11).
Cette affirmation correspond à la tradition juive. Les
moralistes qui rappellent seulement les lois que D-ieu donna à Adam
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et Noé , s’abstenir du vol et de la débauche , n’ont pas à
produire de miracles. Tant que Mohammed prêchait de la sorte, les
juifs pouvaient être en accord avec lui : « Ceux [les juifs]
auxquels Nous avons donné le Livre [la Torah] savent qu’il est
descendu [à Moïse] avec la vérité venant de ton S-eigneur » (6,
114). Mais, dès que Mohammed évoque Jésus et ses modifications de
la Loi mosaïque, la rupture avec les juifs de Médine, et avec le
judaïsme en général, est consommée.















261 Deutéronome 6, 4.
262 Sodome, Ghomore, Adma, voir Annexes, Le prophète Sâlih.
263 Talmud Sanhédrin 57.
264 Genèse 6, 2-12 ; Talmud Sanhédrin 108-109 .



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