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MOHAMMED À MÉDINE

Mohammed, lui, se contente de déclarer : « Si Nous [D-ieu]
avions fait descendre ce Coran sur une montagne, alors tu l’aurais
vu s’humilier et se fondre [la montagne] par crainte de D-ieu ! »
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(59, 21) . Bien qu’il ne réalise aucun miracle , il se compare à
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Moïse qui fit sortir les juifs d’Égypte et accomplissait des
prodiges incomparables. Ne fréquentant aucune école de prophètes ,
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et sans même apprendre à lire les textes bibliques comme le font
les enfants juifs (Talmud Baba Batra 21 A), il se présente comme le
Prophète !
Le rôle des prophètes

Selon la tradition juive, le peuple juif croit à jamais en
Moïse suite à son rôle prépondérant dans la sortie d’Égypte et au
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mont Sinaï ; D-ieu l’a investi directement et publiquement pour
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transmettre Ses paroles . Aussi, aucun prophète ne peut abroger les
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Lois transmises par Moïse .
Lorsque Mohammed affirme aux juifs de Médine que Jésus a rendu
caduques certaines interdictions de la Torah , ils rejettent tout
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naturellement cette assertion. Ils lui demandent de réaliser des
miracles comme le faisait Moïse. Pour eux, il n’y a rien
d’irrévérencieux dans cette requête ; elle est raisonnable et
légitime. Leur prudence s’impose ; ils ont déjà eu affaire de
nombreuses fois à de faux prophètes.
Pour les chrétiens Jésus, et pour les musulmans leur prophète
ont le pouvoir d’abolir la Torah que D-ieu donna aux juifs. Par
contre pour ces derniers, la mission des prophètes consiste
uniquement à exhorter le peuple juif à appliquer la religion telle
que Moïse l’a léguée, et aussi à inciter les non-juifs à appliquer
les lois que D-ieu donna à Adam et Noé.
Les prophètes ne peuvent abroger aucun précepte et aucune notion
des Écritures saintes, ni ceux donnés oralement à Moïse et transmis
par l’exégèse reconnue. Ils ont néanmoins l’aptitude de
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232 Ce verset se trouve dans le chapitre qui relate l’épisode durant lequel les
juifs de Médine se sont fait tuer, pour avoir contesté Mohammed comme prophète.
233 Voir Coran 10, 20 ; 20, 133 ; 17, 59 ; 25, 7-9 ; 11, 12 ; et se reporter au
chapitre II, Les Mecquois exigent un miracle.
234 Comme il était d’usage aux temps bibliques chez les juifs, voir Rois I 10, 5
et 19, 20.
235 « Et ils croiront en toi [Moïse] à jamais » (Exode 19, 9).
236 Voir aussi Deutéronome 5, 28 ; Maïmonide, Yad Hazaqah/Yésodé Hathora 8 et
Joseph Albo, Sepher Haïkarim 1, 19.
237 Exode 12, 17 et de nombreuses autres fois.
238 « Je [Jésus] confirme ce qu’il y a dans la Torah révélée avant moi, et je vous
rends licite une partie de ce que vous était interdit […]. Puis quand Jésus
ressentit de l’incrédulité de leur part, il dit : Qui sont mes alliés dans la
voie de D-ieu ? Les Apôtres répondirent : Nous sommes les alliés de D-ieu […]. Et
ils [les autres juifs] se mirent à comploter [contre Jésus] » (Coran 3, 50-54).
239 Un prophète n’a ces prérogatives que s’il est doté d’éminentes qualités (voir
Maïmonide Yad Hazaqah/Yésodé Hathora 7, 1 ; Huit Chapitres, Introduction sur
Avoth, chap. 2) et qu’il prédit le futur à plusieurs reprises sans se tromper :
« Et Samuel grandit, et D-ieu fut avec lui, et Il ne laissa tomber à terre aucune
de ses paroles [toutes ses prédictions se réalisèrent], alors tout Israël de Dan
à Béer-Chéba a pris connaissance que D-ieu a accordé sa confiance à Samuel pour
être Son prophète » (Samuel I 3, 19-20). Par contre, s’il annonçait un événement
qui ne se produisait pas, ne se serait-ce qu’une seule fois, son imposture étant
avérée on s’en défaisait sans appel : « Et si tu disais dans ton cœur, comment
nous saurions qu’elle n’est pas la parole de D-ieu ? Ce que le [prétendu]
prophète avance au nom de D-ieu, mais cette chose ne se réalise point, voici la
parole que D-ieu n’a jamais dite, ce [prétendu] prophète l’avait prononcée avec
ruse, n’aie pas peur de lui [de l’exécuter] » (Deutéronome 18, 21-22).



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