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MOHAMMED À MÉDINE

témoin entre vous et moi » (17, 96) » ; « Nous t’avons envoyé aux
hommes comme prophète et D-ieu suffit comme témoin » » (4, 79/81).
Cet argument rappelle curieusement celui de Jésus qui, ne pouvant
produire de miracle devant les Sages pharisiens, s’en justifia
ainsi : « Moi, je suis mon propre témoin. Témoigne aussi à mon
sujet le Père qui m’a envoyé » (Jean 8, 17).

Le don de la Torah
Pour comprendre les arguments des juifs, il faut étudier
l’événement du Sinaï à travers les textes du Pentateuque, car le
Coran omet certains faits importants et en présente d’autres en les
déformant. Ainsi selon lui, les juifs se montrent impertinents en
exigeant l’apparition de D-ieu au Sinaï. On ne trouve pourtant pas
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un tel reproche dans le Pentateuque, selon lequel c’est D-ieu Lui-
même qui prit l’initiative d’apparaître au peuple rassemblé.
Le Coran ne raconte pas que tous les juifs entendirent la voix
divine, ni combien des leurs étaient au pied de la Montagne sainte.
Leur présence n’est relatée que de façon laconique : « Et lorsque
Nous avons brandi au-dessus d’eux le Mont [Sinaï], comme si c’eut
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été un tonneau. Ils pensaient qu’il allait tomber sur eux . Tenez
fermement à ce que Nous vous donnons et rappelez-vous son contenu.
Peut-être craindrez-vous A-llah » (7, 170/171) ; « Quand Nous [D-
ieu] avons contracté un engagement avec vous [les juifs] et brandi
sur vous le Mont […], Nous leur avons dit : Ne transgressez pas le
Chabbat » .
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Selon le Pentateuque, six cent mille hommes entre vingt et
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soixante ans se tenaient devant la montagne recouverte d’une nuée,
voyaient des éclairs et entendaient des coups de tonnerre. Tous
entendirent la voix de D-ieu quand Il s’adressa à Moïse : « Et D-
ieu dit à Moïse, voici Je viens à toi dans une nuée, afin que le
peuple entende lorsque Je te parle, et qu’ils croient en toi à
jamais […]. Et qu’ils soient prêts pour le troisième jour, car le
troisième jour, D-ieu descendra à la vue de tout le peuple sur le
mont Sinaï. Et ce fut le troisième jour au matin, il y eut des
tonnerres et des éclairs et une nuée opaque sur le Mont, et le son
très puissant du Chofar, et tout le peuple du camp fut pris d’une
grande frayeur. Et Moïse sortit du camp avec le peuple à la
rencontre de D-ieu et ils s’installèrent au bas de la montagne. Et
le mont Sinaï s’enfuma parce que D-ieu descendit sur lui dans un
feu, et la fumée en montait comme celle d’une fournaise et le
peuple eut une grande terreur. Et le son du Chofar allait en
grandissant ; Moïse parlait et D-ieu lui répondait à haute voix
[…]. Et D-ieu dit toutes ces paroles en disant : Je suis l’É-ternel
[ici suivent les Dix Commandements]. Et tout le peuple voyait les
éclairs, entendait les voix et le son du Chofar […]. Et ils dirent
à Moïse : Parle-nous toi-même et nous écouterons, et que D-ieu ne
parle pas avec nous [directement] de peur que nous ne mourrions. Et
Moïse dit au peuple : Ne craignez point, car D-ieu vient pour vous
élever et afin que Sa crainte plane sur vous pour que vous ne
fautiez pas […]. Et D-ieu dit à Moïse : Ainsi tu diras aux fils

227 Il leur fut seulement reproché d’avoir mangé et bu : « Et ils virent le D-ieu
d’Israël, et Il ne porta pas atteinte aux nobles d’Israël et ils contemplèrent D-
ieu et mangèrent et burent » (Exode 24, 10).
228 Citation empruntée au Talmud (Chabbat 88).
229 Coran 2, 63 ; 4, 153/154.
230 Exode 12, 37 ; Nombres 1, 46.



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