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MOHAMMED À MÉDINE

transmettre une injonction particulière : acheter ou vendre une
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terre – comme le demanda Jérémie à son oncle ; faire la guerre
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dans une situation précise –comme le demanda un prophète à Ahab
ainsi que le prophète Élisée aux rois Yehosafat et Yehoram ;
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cesser de faire la guerre –comme le demanda Chemayah au roi
Réhavam et Élisée au roi d’Israël ; ne pas fuir en Égypte –
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comme le demanda Jérémie .
À titre exceptionnel, un prophète confirmé peut déroger à un
précepte de la Torah. Ainsi D-ieu demanda à Élie de sacrifier une
seule et unique fois en dehors du Temple ; à Élisée de détruire
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des arbres fruitiers .
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Mais ces dérogations exceptionnelles sont limitées dans le
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temps . Par contre, si une personne prétend avoir été chargée par
D-ieu de transformer à jamais ce que prescrit la Torah, elle ne
serait même pas mise à l’épreuve, car il ne pourrait s’agir que
d’un imposteur. Si D-ieu voulait changer Sa Torah, c’est Lui-même
qui se révélerait au peuple juif, comme au Sinaï, lorsqu’Il la
donna à Moïse. C’est l’argument que les juifs médinois opposent à
Mohammed.
Les Évangiles prétendent que les juifs repoussèrent Jésus par
infidélité à Moïse : « Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous
avez mis votre espérance, car si vous croyiez Moïse, vous me
[Jésus] croiriez, parce qu’il a parlé de moi ; mais si vous
n’ajoutez pas foi à ses écrits, comment ajouteriez-vous foi à mes
paroles ? » (Jean 5, 45). Six siècles plus tard, Mohammed usera du
même argument. Il affirme inlassablement croire en Moïse et ne
prêcher que des règles conformes aux Lois transmises par lui.
Pourtant, quitte à se contredire à leurs yeux, il adjure les juifs
d’accepter l’idée que Jésus était investi du pouvoir de modifier
leur religion.
Les juifs médinois auraient qualifié D-ieu de pauvre : « A-llah
a certainement entendu la parole de ceux [les juifs] qui ont dit :
A-llah est pauvre et nous sommes riches. Nous enregistrons leurs
paroles ainsi que leur meurtre injuste des prophètes » (3, 181).
Quel est le sens de ces paroles attribuées aux juifs ? En fait, le
Nouveau Testament et le Coran affirment que D-ieu, bien qu’ayant
donné la Torah aux juifs, avait conservé quelques amendements à Ses
lois, afin de les faire descendre à travers Jésus et Mohammed.
Cette idée est récusée par les juifs. Pour les juifs, D-ieu donna
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la totalité de Ses Lois, qu’Il ne modifiera jamais , à Moïse. D-ieu
serait pauvre – la Torah n’étant plus détenue par Lui – et les
juifs seraient riches, car c’est eux qui possèdent la Torah.
Se trouvant confronté à leur refus inébranlable, Mohammed finit
par vouer les juifs à l’enfer : « Et Nous leur dirons : Goûtez au
châtiment de la fournaise » (3, 181).


240 Jérémie 32, 8.
241 Rois I 20, 28.
242 Rois II 3, 19.
243 Rois I 12, 22.
244 Rois II 6, 22.
245 Jérémie 42, 15.
246 Rois I chap. 18 ; interdiction figurant dans Lévitique (17, 8-9).
247 Rois II chap. 3 ; interdiction figurant dans le Deutéronome (20, 19-20).
248 Talmud Yébamoth 90 B, Sanhédrin 89 B.
249 Talmud Baba Métzia 60 B ; Méguilah 2 B ; Yoma 80 A ; Chabbat 104 A ; Maïmonide,
Yad Hazaqah/Yésodé Hathora chapitre IX, 1-3.



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