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MOHAMMED À MÉDINE

Les juifs médinois refusent le nouveau prophète

Lorsque Mohammed se présente comme prophète et se compare à
Moïse , il interdit aux juifs médinois de douter de lui, de
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l’interroger : « Voudriez-vous interroger votre Messager comme
auparavant on interrogea Moïse ? » (2, 106-108). Mais ces derniers
exigent comme preuve de son prophétisme que D-ieu lui parle aux
yeux de tous, comme Il le fit avec Moïse : « Et ceux qui ne savent
pas ont dit : Pourquoi D-ieu ne nous parle-t-Il pas, ou pourquoi un
signe [de D-ieu, qui prouvera que Mohammed est prophète] ne nous
vient-il pas ? De même, ceux d’avant eux [les juifs à l’époque de
Jésus] disaient [au sujet de Jésus] une parole semblable. Leurs
cœurs se ressemblent » (2, 112/118).
Les juifs demandent à Mohammed de faire descendre un livre du
ciel, comme le fit Moïse ; un livre où serait précisé que D-ieu a
changé leur Torah depuis la venue de Jésus : « Le gens du Livre te
demandent de leur faire descendre du ciel un Livre [comme Moïse qui
rapporta les Tables] » (4, 152/153). Il s’emporte et les accuse
d’être insolents comme leurs ancêtres : « Ils ont déjà demandé [à
Moïse] quelque chose de bien plus grave quand ils [lui] dirent :
Fais-nous voir D-ieu à découvert » (4, 152/153). D-ieu aurait puni
leurs ancêtres pour cela : « Alors la foudre les frappa pour leur
tort » (4, 152/153).
Les juifs insistent, Mohammed est sommé de prouver ses dires par
des prodiges : « [Les juifs lui dirent] : Nous ne croirons pas en
toi, jusqu’à ce que tu aies fait jaillir de terre, pour nous, une
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source [comme le fit Moïse] , ou que tu aies un jardin de palmiers
et de vignes, entre lesquels tu fera jaillir des ruisseaux en
abondance ou encore que descende sur toi une chose du ciel , ou
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que tu fasses venir D-ieu et les anges en face de nous [comme au
Sinaï], que tu aies une maison d’ornements [comme le Tabernacle],
ou que tu sois monté au ciel et fasse descendre sur nous un Livre
que nous puissions lire » (17, 90-93). Ces demandes irritent
Mohammed : « Qu’attendent-ils [les juifs], sinon que D-ieu leur
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vienne à l’ombre des nuées ? » (2, 210). « Et lorsqu’une preuve
leur vint, ils [les juifs] dirent : Jamais nous ne croirons tant
que nous n’aurons pas reçu un don semblable à celui qui a été donné
aux Messagers de D-ieu » (6, 124).
Ce don auquel les juifs font allusion est l’infaillibilité des
promesses des prophètes (Samuel I 3, 20-21). « Ceux-là mêmes [les
juifs] qui ont dit : Vraiment D-ieu nous ordonné de ne pas croire à
un Messager tant qu’il ne nous a pas apporté une offrande que le
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feu [du ciel] consume » (3, 179/183).
Mohammed considère cette requête comme l’expression du mépris à
l’égard des prophètes : « Dis : […] S’ils [les juifs] te [Mohammed]
traitent de menteur, des prophètes avant toi ont certes été traités
de menteurs » (3, 183-185). Le maître de Mohammed lui fournit la
réplique : « Dis : Gloire à mon S-eigneur ! Que suis-je sinon un
mortel, un prophète ? » (17, 93) ; « Dis : D-ieu suffit comme


221 Voir aussi Annexes, David et Ouri.
222 Exode 17, 6 ; Nombres 20, 11.
223 Comme le fit Moïse, Midrach Rabbah/Nombres 21,18.
224 À l’image des nuées qui recouvraient le Tabernacle lorsque D-ieu parlait avec
Moïse (Exode 33, 9-10 ; Nombres 16, 19 ; Deutéronome 31, 15).
225 Comme les juifs furent accueillis à leur sortie d’Égypte (Exode 13, 21-22).
226 Comme le fit Moïse (Lévitique 9, 24), Élie (Rois I 18, 38), David (Chroniques
I, 21, 26) et Salomon (Chroniques II 7, 1).



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