Page 70 - LJC Francais
P. 70




MOHAMMED À MÉDINE

Pour la Torah, ce qui différencie un vrai prophète d’un voyant,
250
visionnaire ou magicien, c’est son infaillibilité . Selon le Coran
par contre, tous les prophètes ont été victimes d’une erreur, due à
l’interférence de Satan : « Nous n’avons envoyé avant toi
[Mohammed] ni messager ni prophète sans que Satan n’ait tenté
d’entacher d’erreurs sa récitation. Mais D-ieu met à néant ce que
suggère le Démon et Il affirme le sens de ses versets » (22, 52).
Rappelons qu’une certaine tradition veut que sous l’emprise du
Satan, Mohammed ait prononcé les fameux versets de la sourate 53,
251
20 où il serait question de permettre l’adoration de certaines
déesses ; l’ange Gabriel rectifia ensuite son erreur .
252
Mohammed sait qu’il est illicite de présenter des idées
personnelles comme étant inspirées par D-ieu : « Et quel injuste
que celui qui fabrique un mensonge contre A-llah ou qui
dit : Révélation m’a été faite, quand rien ne lui a été révélé. De
même que celui qui dit : Je vais faire descendre quelque chose de
semblable à ce qu’A-llah a fait descendre » (6, 93) ; « Malheur à
ceux qui, de leur mains, transcrivent un livre puis disent : Ceci
vient de D-ieu, pour le vendre à vil prix. Malheur à ceux pour ce
que leurs mains ont transcrit ! » (2, 78). Que son enseignement
puisse contredire la Torah, comme le lui affirment les juifs, est
donc pour lui une question grave et cruciale. Selon la tradition
musulmane, il était illettré ; il ne pouvait pas comparer les
textes des Évangiles avec ceux de la Torah. Il faisait donc preuve
de crédulité envers son maître christianisant.
Il est aussi possible que Mohammed n’ait pas proféré toutes les
attaques contre les juifs que lui attribue le Coran, d’autant que,
durant la rédaction de ce dernier, des chrétiens se convertirent à
l’islam en y apportant leur antijudaïsme .
253
Dans sa croyance que D-ieu tranchera entre juifs et chrétiens,
Mohammed se croit dispensé de déterminer qui d’entre eux se
fourvoie : « Ceux qui émiettent leur religion et se divisent en
sectes, de ceux-là tu n’es responsable en rien ; leur sort ne
dépend que d’A-llah » (6, 159).


Un témoin ou des millions
Pour les chrétiens et les musulmans, l’humanité dans son
ensemble doit accepter comme religion les dires de Jésus, Paul et
Mohammed respectivement. Le comportement permettant d’atteindre la
béatitude éternelle au Paradis, et d’échapper aux souffrances de
l’Enfer, n’a été révélé par D-ieu qu’à quelques élus, à un moment
pourtant où des millions d’êtres humains peuplaient déjà la terre.




250 Deutéronome 18, 9-22 ; déjà cité en note 118 de ce chapitre : Maïmonide, Yad
Hazaqah/Yésodé Hathora chapitre X, 1-3
251 Qui a inspiré à l’écrivain Salman Rushdie son livre, Les Versets sataniques,
qui lui valut une fatwa.
252 Mohammed reconnaît donc ne pas être infaillible dans sa récitation ; il n’est
donc pas incohérent de ne pas retenir des discours autres qu’il avait tenus – les
prêches à Médine.
253 « Tu trouveras certainement que les juifs et les associateurs [incroyants]
sont les ennemis les plus acharnés des croyants [les arabes qui suivent
fidèlement les paroles de Mohammed] » (Coran 5, 82) ; « Dis : Ô gens du Livre, est-
ce que vous nous reprochez autre chose que de croire en A-llah, à ce qu’on a fait
descendre vers nous [par le biais du maître de Mohammed] et à ce qu’on a fait
descendre auparavant [à Moïse et Jésus ] ? » (Coran 5, 59).



70
   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75