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MOHAMMED À MÉDINE
Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils tueront
certains d’entre eux et en persécuteront d’autres. Par conséquent,
les gens d’aujourd’hui supporteront les conséquences des meurtres
commis contre tous les prophètes depuis la création du monde depuis
le temps d’Abel jusqu’à Zacharie qui fut tué dans le Temple […]. Au
jour du Jugement, la reine de Saba se lèvera en face des gens
d’aujourd’hui [qui ne reconnaissent pas en Jésus un prophète] et
les accusera, car elle est venue des régions les plus lointaines de
la terre pour écouter les Paroles. Et il y a ici [chez moi, Jésus]
plus [de sagesse] que [chez] Salomon » (Luc 11, 47-51 et autres).
Mohammed découvre la divinisation de Jésus
Mohammed subit un échec cuisant quand il veut persuader les
juifs de croire aux Évangiles. Il constate que les juifs
considèrent le dogme de la Trinité comme l’expression d’une
idolâtrie. Le maître lui explique alors que la religion chrétienne
a été pervertie : « Ceux qui disent : le messie, fils de Marie, est
D-ieu sont impies » (5, 72) ; « Le messie, fils de Marie, n’est
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qu’un prophète que d’autres prophètes ont précédé. Sa mère était
une juste » (5, 75) ; « D-ieu dit à Jésus, fils de Marie : Est-ce
toi qui as dit aux hommes de vous prendre pour divinités toi et ta
mère plutôt que D-ieu ? Gloire à Toi, répondit Jésus, je n’ai pas à
proférer de contrevérité » (5, 116) ; « Croyez en D-ieu, en Ses
prophètes, et ne parlez plus de la Trinité » (4, 171).
Constatant que les juifs, malgré cette mise au point, refusent
de l’entendre, le maître lui suggère de se tourner vers les
chrétiens et leurs prêtres ; ils seraient moins réticents : « Tu
reconnaîtras que ceux qui nourrissent la haine la plus violente à
l’égard des croyants [Arabes] sont les juifs et les polythéistes et
que ceux qui sont les plus proches des musulmans par l’amitié sont
ceux qui disent : Nous sommes chrétiens. C’est parce qu’ils ont des
prêtres et des moines qui sont des hommes exempts de tout orgueil »
(5, 82).
Le maître fait comprendre à son élève que les règles du
christianisme sont plus faciles à respecter que celles du judaïsme.
Déjà six siècles plus tôt, Pierre et Paul s’étaient opposés à ce
qu’on demande aux païens, attirés par le judaïsme, à respecter
toutes ses lois : « Maintenant donc, pourquoi défiez-vous D-ieu en
voulant imposer aux croyants [qui viennent du monde païen] un
fardeau que ni nos ancêtres ni nous-mêmes n’avons été capables de
porter ? » (Actes 15, 10). Mohammed répète en écho : « S-eigneur,
ne nous charge pas de fardeau similaire à celui dont tu as chargé
nos devanciers [les juifs]. S-eigneur, ne nous charge pas de ce qui
dépasse notre capacité » (2, 286) ; « D-ieu veut vous alléger [des
obligations], car l’homme a été créé faible » (4, 32/28).
La réplique des juifs médinois
Constatant la fascination que les moines exercent sur Mohammed,
les juifs tentent de les discréditer. Leur célibat serait source
d’immoralité. Le verset suivant fait écho à leur intervention :
« Nous avons envoyé sur les traces de Noé et Abraham d’autres
messagers comme Jésus fils de Marie à qui Nous avons donné
l’Évangile. Dans le cœur de ceux qui l’ont suivi, Nous avons mis
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Voir note 42 de ce chapitre.
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