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MOHAMMED À MÉDINE

Christ, étaient assidus au Temple et respectaient les prescriptions
juives.
D’autres passages des Évangiles canoniques, rédigés entre l’an
67 et 100, soit au moins une trentaine d’années après la mort de
Jésus, le présentent comme s’écartant des lois du Pentateuque . Par
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exemple, bien que la Torah permette le remariage d’une femme
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divorcée, Jésus l’interdit . Ses disciples arrachent des épis de
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blé durant le Chabbat ce qui leur vaut la réprobation des
pharisiens et il déclare alors : « Le Fils de l’homme [lui, Jésus]
est maître même du Chabbat » (Luc 6, 5). Selon Paul, le respect du
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Chabbat aurait signifié un retour à la loi mosaïque .
Certains des prêches attribués à Jésus nous semblent excessifs ;
il demande à un jeune homme de distribuer tous ses biens aux
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pauvres . Si les Sages pharisiens, contemporains des premiers
chrétiens, insistaient sur l’interdiction de distribuer tous ses
biens aux pauvres , cela est peut être dû au fait que certains
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juifs mettaient en pratique cette recommandation de Jésus.
Jésus réclame l’exclusivité

Les Évangiles, celui de Jean en particulier, attribuent à Jésus
des paroles hautaines et présomptueuses : « Nul n’est monté au
ciel, que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme [Jésus
lui-même] […], afin que quiconque croit en lui ait la vie
éternelle » ; « Car de même que le Père ressuscite les morts et
donne la vie, de même le Fils [Jésus] donne la vie à qui il veut.
Le Père même ne juge personne, mais il a remis au Fils le jugement
tout entier, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le
Père » ; « Nul ne vient au Père que par moi » ; « Tout ce que le
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Père a est à moi » .
Jésus ordonne à ses contemporains de ne plus appeler quiconque
Maître, à l’exception de lui-même : « Pour vous, ne vous faites pas
appeler Maître : car vous n’avez qu’un seul maître […]. Ne vous
faites pas non plus appeler Docteurs : car vous n’avez qu’un seul
docteur, le Christ » (Matthieu 23, 8, 10).
Selon Marc, Jésus aurait revendiqué plus d’égards envers sa
propre personne qu’envers D-ieu : « Tous les péchés seront
pardonnés aux fils des hommes, et tous les blasphèmes [contre D-
ieu] qu’ils auront pu proférer , mais celui qui aura blasphémé
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contre le Saint-Esprit [qui se trouverait en Jésus], n’obtiendra
jamais de pardon ; il est coupable d’un péché éternel » (Marc 3,
28-29).
Les Évangiles foisonnent d’invectives haineuses attribuées à
Jésus contre les juifs qui ne le reconnaissaient pas : « Le père
dont vous êtes issu est le diable » ; « Tous ceux qui sont venus
avant moi [rabbins, juges, maîtres] sont des voleurs et des


149 Cette contradiction des Évangiles est probablement due au fait qu’ils
s’adressent à des publics différents ; le Talmud Chabbat 116 B rapporte une
anecdote instructive qui explique aussi cette contradition.
150 Deutéronome 24, 1-4.
151 Matthieu 5, 31-32 ; 19, 1-12 ; Marc 10, 4-5, 10-12 ; Luc 16, 18.
152 Galates 4, 10.
153 Matthieu 19, 16-22.
154 Talmud Kétouboth 50 A et Yérushalmi Péah, chap. I. Voir aussi rabbin Élie
Benamozegh (1822-1900), Israël et l’humanité, Livourne, 1900.
155 Jean 3, 13-15 ; 5, 21-23 ; 14, 6 ; 16, 15.
156 Jésus s’arroge le pouvoir de pardonner les péchés contre D-ieu.



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