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MOHAMMED À MÉDINE
Paraphrasant le prophète Isaïe : « L’intelligence des Sages
disparaîtra et la compréhension sera cachée » , Paul déclare que la
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sagesse des Sages d’Israël ne persuade pas les hommes à reconnaître
D-ieu ; seule la folle croyance en Jésus le permettrait. Par cette
folie, la honte couvrira les Sages . Il prêche aussi : « La loi de
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Moïse n’est pas la représentation exacte des réalités ; elle n’est
que l’ombre des biens à venir » (Hébreux 10, 1). Il serait inutile
de respecter les interdits alimentaires des juifs et leurs rites :
« Ainsi, ne laissez personne vous juger à propos de ce que vous
mangez ou buvez, ou pour une question de fête, de néoménie ou de
Chabbat. Tout cela n’est que l’ombre des biens à venir ; mais la
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réalité, c’est le Christ » .
Les lois de la Torah seraient selon Paul de prescriptions et
d’enseignements purement humains. Il soutient : « En effet,
l’ancienne règle [la Torah] à été abolie parce qu’elle était faible
et inutile. La loi de Moïse n’a rien amené à la perfection. Mais
une espérance meilleure nous a été accordée » (Hébreux 7, 14-15).
Il reconnaît vouloir détruire le judaïsme : « Si je reconstruis le
système de la Loi [juive] que j’ai détruit, je refais de moi un
être qui désobéit à la Loi » (Galates 2, 18).
Un rabbin pharisien contemporain de Paul, Élazar Hamodaï, le
stigmatise sans pour autant daigner citer son nom : « Celui qui
profane le culte du Temple, celui qui dédaigne les fêtes
religieuses, celui qui fait honte à son prochain en public, celui
qui détruit l’alliance de la chair [la circoncision], celui qui
détourne le vrai sens de la Torah par des artifices mensongers,
même s’il s’applique à faire des bonnes actions […] » (Talmud
Avoth, chap. 3, 11-15).
Pour les juifs, Paul est un hérétique. Rabbi Gamaliel et son
tribunal à Yabné jettent l’anathème sur lui et ses compagnons ; ils
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instituent la Birkhat Hamynim – la prière contre les nazoréens et
er
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hérétiques . Rabbi Tryphon, I siècle, maître et confrère du
justement célèbre Rabbi Akibah , condamne sans équivoque le contenu
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des Évangiles . Le Dialogue avec Tryphon imaginé par Justin , a
probablement été rédigé dans le but de faire croire que le
judaïsme, représenté par Rabbi Tryphon, ne serait pas totalement
opposé au christianisme.
Le Coran reprend à son compte l’antijudaïsme des Évangiles
Selon Paul et les Pères de l’Église, le rejet par les juifs de
Jésus et de son message serait la preuve de leur infidélité à D-
ieu. Ils comparent ce rejet aux erreurs passées des juifs à l’égard
de Moïse et autres vrais prophètes. Quant aux juifs, considérant
Jésus comme un imposteur, ils pensent exactement le contraire.
167 Isaïe 29, 14.
168 Voir Corinthiens I, 1, 18-31.
169 Colossiens 2, 16-22.
170 Les chrétiens sont désignés dans le Talmud par le terme mynim, voir Rachi dans
Talmud Roch Hachanah 17 A, Sotah 49 A et Haguigah 5 B éditions non censurées ;
myn serait éventuellement l’acrostiche de : maaminé Yéshou nozri – les croyants en
Jésus le nazaréen.
171 Talmud Bérakhoth 28.
172 Grand Sage de l’époque de la Michnah, né en 15, Rabbi Akibah ben Yosef mourut
en martyr, vers 135. Quand l’empereur Hadrien proscrivit l’enseignement de la
religion juive, il continua à enseigner en public, Talmud Bérakhot 61 B.
173 Talmud Chabbat 116 A, édition non censurée.
e
174 Premier apologiste chrétien, II siècle.
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