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MOHAMMED À LA MECQUE

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Ismaël, Isaac et Jacob, aux [douze] Tribus, à Jésus , à Job, à
Jonas, à Aaron et à Salomon, et Nous avons donné le Zabour [les
Psaumes] à David. Et il y a des messagers dont Nous t’avons raconté
l’histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t’avons
point raconté l’histoire –et D-ieu a parlé à Moïse de vive voix –
en tant que messagers, annonciateurs et avertisseurs, afin
qu’ultérieurement à la venue des messagers, il n’y eût pour les
gens point d’argument devant D-ieu » (4, 163-165). Enfin, Mohammed
déclare : « J’ai reçu l’ordre d’être mina-l-muslimîna [ceux qui
sont musulmans] » (27, 91-94). Qu’est un musulman ? Celui qui se
soumet à D-ieu et à Ses commandements. Cette formule est bien
proche du mot biblique, chleimim – entier : « Ces hommes sont
chleimim (entiers, avec tout leur cœur) » (Genèse 34, 21).
Mohammed, tant qu’il réside à La Mecque, ne connaît d’autre
religion que le judaïsme, et éventuellement le christianisme. Il
déclare donc avoir reçu de son maître l’ordre d’imiter les juifs .
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Qui dicte à Mohammed ?
Des versets du Coran Mushaf ‘Uthman laissent entendre que
quelqu’un exhorte Mohammed à prêcher. La locution à la forme
impérative : « Qul – dis-leur » y figure en effet de très
nombreuses fois. Qui le somme de parler ? Bien que cela ne soit pas
précisé dans le texte, l’orthodoxie affirme qu’il s’agit de l’ange
Gabriel. En transe durant chaque discours ou débat, Mohammed voit
ou entend un ange qui lui dicte ou lui inspire les paroles du Coran
Mushaf ‘Uthman, qui descendaient du ciel. Des scribes parmi les
auditeurs de Mohammed transcrivent ses paroles sur des matériaux de
fortune.
Ces allégations surprennent. D-ieu ou un ange ne dictant pas
fréquemment des livres, l’auteur du Coran n’aurait-il pas dû
préciser qui est cet extraordinaire locuteur ?
Le Pentateuque décrit la rencontre de Moïse avec D-ieu en ces
termes : « Et D-ieu parla à Moïse en disant : parle aux enfants
d’Israël et dis […] ». En revanche, dans le Coran, on ne trouve
aucune formulation comparable comme : « Et D-ieu parla à Mohammed
en disant […] », ou encore : « l’ange Gabriel parla à Mohammed en
disant : parle aux Arabes et dis […] ». Il est plus logique de
supposer que celui qui l’exhorte : « Qul […] dit ceci et cela » est
un maître humain, et c’est lui ou un ami qui consignera les dires
dans ce que nous avons appelé le carnet de bord.
La « descente du Coran »

L’interprétation musulmane des versets coraniques qui
décriraient la descente du Coran est pour le moins déconcertante.
Au cours d’une certaine nuit, avant l’an 610, pendant le mois du
Ramadan, Mohammed aurait été interpellé par un ange qui lui aurait
montré un livre, le Coran Mushaf ‘Uthmân, et l’ensemble des
préceptes qu’il a enseignés du début de son prêche à sa mort. Au
cours d’une autre nuit, Mohammed a voyagé sur un animal ,
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réellement ou en songe, de La Mecque vers Jérusalem et de là vers

95 Ces deux derniers mots auraient aussi été ajoutés ultérieurement par les
scribes d’‘Uthman. Voir note 22 de ce chapitre.
96 Éventuellement aussi les chrétiens, sans pour autant adhérer au dogme de la
Trinité, voire chapitre IV.
97 Selon la tradition une jument nommée Al Bourakh. Elle aurait laissé la trace de
son sabot sur une roche, protégée par la mosquée du Dôme à Jérusalem.



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