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MOHAMMED À LA MECQUE

Pour persuader ses auditeurs de la véracité de ses récits,
Mohammed précise que les rabbins les connaissent : « Ceci, c’est le
S-eigneur de l’univers qui l’a fait descendre [au Sinaï], l’Esprit
sûr l’accompagnait, sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des
avertis, en une langue arabe claire. Ceci étant déjà mentionné dans
les Écrits des Anciens, n’est-ce pas pour eux [les Arabes] une
preuve que les rabbins des enfants d’Israël le savent ? » (26, 192-
197) ; « Et certes, Nous donnâmes à Moïse neuf miracles évidents ;
demande donc aux enfants d’Israël » (7, 101).
Mais ses auditeurs s’étonnent. Si l’ensemble était déjà écrit
dans un livre, pourquoi le raconte-il de façon morcelée et pourquoi
consulte-il si souvent son maître ?
Il répond que son maître lui prodigue les enseignements de
manière lente, mais sûre : « Et ceux qui ne croient pas
disent : Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui le Coran en
une seule fois ? Nous l’avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur,
et Nous l’avons récité soigneusement » (25, 34/32) ; « En vérité
Nous avons fait descendre sur toi le Coran progressivement » (76,
23).
Dans le carnet de bord qu’il tient sur ses relations avec
Mohammed, le maître désigne D-ieu par la première personne du
pluriel. Nous avons fait descendre sur toi le Coran progressivement
signifie : D-ieu a fait descendre sur toi la Torah – par
l’intermédiaire de ton maître – qui te l’enseigne progressivement.

Le maître rédige un livre

L’incrédulité perdure chez les Mecquois. Ils exigent de voir et
de toucher ce livre dont Mohammed dit puiser ses connaissances.
Dans un premier temps, le maître s’y oppose : « Même si Nous avions
fait descendre sur toi un livre sur un feuillet qu’ils pouvaient
toucher de leurs mains, ceux qui ne croient pas auraient
certainement dit : ce n’est que de la magie évidente ! » (6, 7).
Il leur raconte que ce livre, le rouleau de la sainte Torah, est
en possession des juifs. Ces derniers doivent être en état de
pureté pour l’écrire, le toucher ou l’étudier . Ils obéissent à
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leurs rabbins qui leur interdisent de le mettre entre les mains des
Arabes : « Et c’est certainement un Coran noble, dans un Livre bien
gardé que seuls les purifiés touchent » (56, 78/79) ; « Ce n’est
qu’un rappel. Qui le veut, pratique le rappel, consigné dans des
feuilles honorées, élevées, purifiées, entre les mains de
sapharatum (scribes) nobles, et vertueux » (80, 11-16).
Mais les Mecquois persistent dans leur exigence à voir ce livre.
Le maître se résout alors, vraisemblablement en se faisant aider, à
rédiger un livre en arabe qui comporte un résumé des récits
bibliques. Il lui donne pour nom Coran arabe : « Nous l’avons fait
descendre un Coran en [langue] arabe, afin que vous raisonniez »
(12, 2) ; « Par le Livre explicite, Nous avons fait un Coran arabe
afin que vous raisonniez. Il [l’original] est auprès de Nous, dans
l’Écriture Mère , sublime et rempli de sagesse » (43, 2-4).
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Les Mecquois s’étonnent du fait que le livre montré par Mohammed
ne soit pas écrit dans sa langue originale, l’hébreu. Il rétorque
que cette langue leur étant inconnue, ils n’y auraient rien

82 Talmud Bérakhoth 22, voir début du chapitre III de notre livre.
83 Celle des juifs, en hébreu, ou au Ciel, car la Torah est « écrite en feu blanc
sur du feu noir », Midrach Tanhoumah/Genèse 1.



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