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MOHAMMED À LA MECQUE
Différences entre le Coran et le Livre de Moïse
Nous relevons d’importantes dissemblances entre le Coran Mushaf
‘Uthmân et le Livre de Moïse. Ce dernier rapporte plus de cent fois
que D-ieu s’adressa à Moïse, et décrit ces faits clairement en ces
termes : « Et D-ieu parla à Moïse en disant : parle aux Fils
d’Israël […] ».
Il y est aussi précisé : qui l’a écrit, en quel lieu, sous la
dictée de qui, à quel moment, qui le reçut et où il fut conservé.
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Le Pentateuque précise que c’est Moïse qui l’a écrit dans les
plaines de Moab, sous la dictée de D-ieu. Il le donna au peuple
d’Israël – aux prêtres de la tribu de Lévi et à tous les Anciens –
pour être conservé dans l’Arche sainte (Deutéronome 31, 9 ; 31, 24-
26).
Plus de quatre cents noms de personnages, des centaines de dates
d’événements et de célébrations, de sites géographiques, de villes,
pays, fleuves et montagnes sont mentionnés par le Pentateuque. Dans
la plupart des faits rapportés, il nomme la personne qui s’exprime,
à qui elle s’adresse, ainsi que les circonstances dans lesquelles
les événements relatés se produisent. Les récits s’y succèdent de
façon cohérente.
À l’inverse, le Coran Mushaf ‘Uthman n’indique pas le nom du
narrateur, ni celui de la personne qui l’interroge, pas plus
d’ailleurs que celui ou de ceux à qui il s’adresse. À l’ex-ception
de deux ou trois villes, les lieux où se déroulent les faits ne
sont pas mentionnés. Nulle date n’est précisée et encore moins une
chronologie. À part une ou deux fois, aucun nom des contemporains
de Mohammed n’y figure. On n’y trouve que les noms de prophètes –
ou de personnages considérés comme tels par le Coran – et de ceux
mentionnés par la Bible.
Les sujets y sont traités sans ordre cohérent et manquent
souvent de clarté. Le lecteur se demande souvent s’il est question
d’un fait ancien ou contemporain de Mohammed tandis que le style
elliptique autorise de multiples conjectures. Les signes indiquant
le début et la fin des versets n’existaient pas initialement ; ils
furent ajoutés par la suite. La ponctuation fait défaut, ce qui
peut provoquer des doutes sur le sens du texte. Les débuts des
questions sont confus, tout autant que leurs réponses lorsqu’elles
s’y trouvent. Débats et injonctions s’entremêlent parfois, quitte à
interrompre les premiers. Soulignons néanmoins que l’homogénéité
des récits tirés de la Bible et du Midrach qui se trouvent dans le
Coran a été à peu près respectée.
Le Livre et le Carnet de bord
Pour comprendre comment le Coran Mushaf ‘Uthman fut composé,
nous suggérons qu’il s’agit d’un assemblage de deux sortes
d’écrits.
Les premiers sont constitués de récits bibliques que Mohammed
nomme le Coran, en attestant que leur contenu est strictement
identique à celui de la Torah. Les seconds forment ce que nous
appellerons le carnet de bord. Il est composé de fragments de
64 D’après le Midrach Rabbah/Deutéronome chapitre 9, (cité par Maïmonide dans son
Introduction à la Michnah), Moïse écrivit douze autres exemplaires, tous
identiques, et en donna un à chaque tribu.
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Voir aussi Exode 24, 4-7 ; Deutéronome 28, 58 ; 30, 10 et Nombres 33, 2 ; 34, 27.
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