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MOHAMMED À LA MECQUE

merveilles à Son serviteur. Les auditeurs se montrant incrédules,
le compagnon affirme qu’il ne s’est pas égaré et n’a pas été induit
en erreur.
Pour comprendre le sens de ces versets, tâchons de répondre aux
questions suivantes : Qui est le Compagnon ? Qui est le Messager
doué d’un grande force et ayant un rang élevé auprès du Maître du
Trône, obéi, là-haut, et digne de con-fiance ? À qui le Compagnon
s’adresse-t-il ? Qu’est le cidrat al muntaha ?
Selon l’orthodoxie musulmane, le Messager est l’ange Gabriel
tandis que le Serviteur et Compagnon n’est autre que Mohammed. Ce
dernier ayant aperçu un ange, d’un rang élevé, auprès du Maître du
Trône, à l’horizon supérieur, a voulu convaincre les Mecquois qu’il
a reçu des révélations. Les Mecquois l’ont accusé d’égarement, ce
dont il se défend vigoureusement.
Pourtant, cette interprétation n’est nullement discernable dans
ces versets. De plus, comme nous l’avons déjà relevé, tant qu’il
séjourna à La Mecque, Mohammed ne s’étant jamais présenté comme
prophète, il est fort improbable qu’il ait tenté de convaincre ses
auditeurs de ses visions fantastiques.
Nous supposons donc que le Compagnon et le Serviteur sont deux
personnes différentes. Le Compagnon des Mecquois est évidemment
Mohammed, d’autant plus qu’au début de sa prédication, il ne
présente rien de particulier.
Quant au second personnage, ce Messager, ce Serviteur, qui est-
il ? Rappelons-nous les récits que Mohammed raconte à satiété à ses
auditeurs, quitte à être raillé. Ils sont issus de la Torah que
Moïse apporta. Le Serviteur et le Messager sont donc une seule et
même personne : Moïse. Les titres honorifiques que le verset
attribue à ce Messager : doué d’une grande force et ayant un rang
élevé auprès du Maître du Trône, obéi, là-haut, et digne de
confiance, sont tirés du Pentateuque . Ces versets racontent
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comment Mohammed s’évertue à convaincre les Mecquois que D-ieu
dévoila des merveilles à Moïse. Ils complètent l’épisode durant
lequel D-ieu se révéla à ce dernier au Sinaï. Le jardin que Moïse a
vu est le jardin d’Éden.
La Cidrat ul muntaha semble être un arbre particulier du jardin
d’Éden. Certains sages du Talmud affirment que l’arbre qui s’y
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trouvait et dont Adam et Éve mangèrent le fruit est un cédrat . Le
Cidrat ul muntaha du Coran est donc le cédrat que mentionne le
Midrach. Le maître de Mohammed lui avait enseigné que Moïse a vu le
jardin d’Éden et ce fameux arbre dont le fruit s’appelle cédrat
tant en araméen qu’en latin et en français. C’est l’Étrog,
nécessaire à la célébration de la fête juive de Souccoth (Lévitique
23, 40).

Le Coran aux mains des anges ou aux mains des juifs ?

Comme nous l’avons vu, Mohammed apprend le Coran d’un sage. Ce
Coran serait entre les mains des sapharatum obéissants : « C’est
certainement un Coran noble, dans un Livre gardé que seuls les
purifiés touchent » (56, 77-79) ; « Consigné dans des feuilles



114 Nombres 12, 7-8 ; Deutéronome 34, 10-12.
115 Rabbi Abbah dans Midrach Rabbah/Genèse, 3, 6 ; voir aussi Nahmanide sur
Lévitique 23, 40.



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