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MOHAMMED À LA MECQUE

honorées, élevées, purifiées, entre les mains des Sapharatum
[scribes] obéissants » (80, 13-16).
Qui sont ces purifiés qui peuvent toucher ce livre, qu’est ce
Coran noble et qui sont les sapharatum nobles, obéissants ? Les
musulmans expliquent que ce Coran est le Coran Mushaf ‘Uthman qui
contient, comme nous l’avons déjà dit, les récits bibliques, les
débats de Mohammed, certains détails de sa vie et les avatars de
son apostolat jusqu’à la fin de sa vie. Les purifiés et les
sapaharatum obéissants sont des anges du ciel tenant ce Coran en
mains. Mohammed le lit sans pouvoir y toucher, car seuls les anges
y sont autorisés. Comme nous l’avons déjà relaté, par la suite,
Mohammed oublie tout. Par l’intervention de l’ange Gabriel il se
souvient du contenu de ce livre. C’est Gabriel qui l’inspirera
pendant ses discours et débats ; de l’an 610 jusqu’à sa mort, en
632.
Selon notre interprétation, le Coran noble est la Torah de
Moïse, tandis que les sapharatum (pluriel de saphar) sont des
scribes juifs. Ce terme provient en effet du mot hébraïque sopher
(pluriel sopherim), qui désigne le copiste spécialisé dans
116
l’écriture des Livres saints . Mohammed les nomme purifiés, car ils
rédigent la Torah en état de pureté (Talmud Bérakhot 22-23). Aux
Mecquois réclamant qu’il exhibe un rouleau de la sainte Torah, il
répond que les rabbins interdisent aux non-juifs d’y toucher, c’est
pourquoi les sapharatum, respectueux et obéissants, ne permettent
pas que d’autres les tiennent entre leurs mains .
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Selon l’orthodoxie musulmane, le Coran évoque deux révélations.
La première à Moïse au mont Sinaï, il y a plus de trente siècles,
la seconde à Mohammed dans la région de La Mecque, dix-neuf siècles
plus tard. Deux religions distinctes ont été respectivement
révélées : celle de Moïse, l’ancienne doctrine d’Israël, puis celle
de Mohammed, l’islam, la nouvelle religion. Ses fondements et ses
contours exacts ne furent pas descendus tant que Mohammed
séjournait à La Mecque. Cela se réalisa à Médine.
Il y aurait également deux séries de Tables. Les unes données
par D-ieu à Moïse et conservées dans l’Arche sainte, tandis que
d’autres, dont le contenu a été divulgué à Mohammed, demeurent au
Ciel, entre les mains des anges. Le manque de précision de certains
versets permet en effet ces allégations. Le Coran relate parfois
que D-ieu a donné le Livre sur le mont Sinaï tandis que d’autres
fois il n’indique pas le lieu. Il déclare parfois que les Feuilles,
le Livre et les Tables donnés à Moïse furent conservés par les
juifs dans une Arche sainte et d’autres fois que les Feuilles se
trouvent aux mains des purifiés et des sapharatum. Cela a permis
aux musulmans d’avancer qu’il s’agit d’un autre Livre.
Mais le fait que le Coran fasse un récit en omettant un détail
n’en fait pas un récit différent ; le Coran relate en effet les
mêmes histoires de multiples fois, de façon plus ou moins
détaillée. Néanmoins, quand il précise un lieu où le Livre a été
donné, il s’agit invariablement du Sinaï. Quand il désigne la

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Ezrah I 7, 6 ; 7, 11-12 ; Talmud Sofrim.
117 Les musulmans n’aiment pas que les infidèles, juifs inclus, touchent le livre
du Coran, car il se trouve dans les mains de scribes purs. Cela découle d’un
contresens du texte : le Coran, à savoir la Torah, se trouve aux mains de
personnes pures, les juifs. En fait, les musulmans n’apprécient pas que les juifs
lisent le Coran. Craindraient-ils qu’en en prenant connaissance, ils rédigent des livres
tels que le nôtre ?



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