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MOHAMMED À LA MECQUE

Revenons au fameux premier verset de la sourate 17 et essayons
de l’expliquer raisonnablement. Il narre l’histoire de Moïse,
lorsque celui-ci se trouvait sur le mont Sinaï. Le haut de la
montagne est appelé mosquée, car Moïse s’y prosterne. Elle est
surnommée Haram – interdit – car les juifs n’étaient pas autorisés
à en fouler le sol. Le lieu où les juifs se trouvent s’appelle
mosquée Al Aksa ; mosquée – car les juifs s’y prosternent –, et Al
Aksa – La Lointaine – car les juifs se prosternent de loin. Les
‘âyatinâ auxquelles le verset fait allusion sont les merveilles :
celles que Moïse perçoit de D-ieu et de Ses treize attributs de
miséricorde, ou encore les lettres de la Torah gravées sur les
Tables. Ce verset relate donc comment D-ieu fait voyager Son
serviteur, Moïse, du masjid – lieu où il se prosterne –, qui est
Haram – interdit aux juifs. Que fait Moïse sur le mont Sinaï ? D-
ieu lui divulgue des merveilles – ou des paroles. Il voyage vers
les juifs, vers leur masjid – lieu où ils se prosternèrent, Al
Aksa – la Lointaine. Le verset situe le voyage pendant la nuit, car
ainsi s’exprime le Coran : « Moïse resta quarante nuits sur la
montagne ». Et la Torah précise que la région était plongée dans
l’obscurité, comme durant la nuit.
Après que le premier verset ait rapporté l’événement vécu par
Moïse au Sinaï, le verset 2 de la sourate 17 enchaîne sur son
retour. Moïse rapporte les Tables de la Loi aux juifs et les adjure
de ne se consacrer à aucun autre D-ieu. Ces versets correspondent
donc rigoureusement au récit de la Bible. Ils complètent l’histoire
du Sinaï, fréquemment abordée dans le Coran. Venons-en à présent au
verset 3 de cette sourate : « [Les Fils d’Israël sont] les
descendants de ceux que Nous avons transportés dans l’Arche avec
Noé. Celui-ci était vraiment un serviteur fort reconnaissant » (17,
3). Qui est ce serviteur fort reconnaissant ? Soit Noé, cité dans
ce verset, soit Moïse, cité au verset 2. La seconde hypothèse est
plus vraisemblable, car c’est ainsi que D-ieu désigne communément
Moïse dans la Bible (Nombres 12, 7-8). Ces trois versets (17, 1-3)
peuvent alors être compris sans équivoque possible.

Le Compagnon et le Serviteur
Selon les musulmans, le mirahj, le fabuleux voyage de Mohammed
vers le ciel, est évoqué une autre fois : « Ceci est la parole d’un
noble Messager, doué d’une grande force, et ayant un rang élevé
auprès du Maître du Trône, obéi là-haut, et digne de confiance.
Votre compagnon n’est nullement fou ; il l’a effectivement vu, au
clair horizon […] » (81, 19-23) ; « Votre compagnon ne s’est pas
égaré, n’a pas été induit en erreur […], ce n’est rien d’autre
qu’une révélation inspirée qui lui a été enseignée, à la force
prodigieuse, douée de sagesse ; c’est alors qu’Il se montra sous sa
forme réelle alors qu’Il se trouvait à l’horizon supérieur […]. Il
révéla à Son Serviteur ce qu’Il révéla […], il l’a pourtant vu […],
près de la cidrat ul muntaha, là se trouve le Jardin » (53, 2-15).
Ces versets présentent trois personnages : un Messager, Son
Serviteur et votre Compagnon. Ce dernier, le narrateur, tente de
convaincre ses auditeurs qu’un messager, estimé et élevé auprès du
Trône céleste, a eu une vision fantastique à l’horizon supérieur et
que D-ieu, près d’un cidrat ul muntaha et du Jardin, a révélé des

ne Me verras pas ; mais regarde la montagne : si elle restait ferme en sa place,
alors tu Me verrais. Lorsque son S-eigneur se manifesta au Mont, Il pulvérisa ce
dernier, et Moïse tomba foudroyé […] » (7, 143).



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