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MOHAMMED À LA MECQUE

le serviteur est Mohammed ; la Mosquée Al Haram se situe à La
Mecque. Relevons qu’à l’époque où ce voyage se serait passé, cette
ville était un lieu de culte polythéiste. La Mosquée Al Aksa est
l’endroit où se dressait jadis le Temple de Jérusalem. D-ieu a fait
voyager Mohammed de la mosquée de La Mecque vers Jérusalem, et de
là, vers le Ciel. Il voit des merveilles : le Paradis ; il y
rencontre les Élus d’autrefois – Adam, Abraham, Moïse, Jésus.
Les musulmans magnifient ce voyage et le racontent avec emphase,
ils y sont initiés dès leur plus jeune âge. Ce récit constitue le
socle de leur éducation religieuse, il structure leur identité
musulmane et les marque d’une nostalgie indéfectible. Pour eux,
c’est précisément cette nuit-là que D-ieu a changé le destin de
l’humanité. Mohammed a reçu une nouvelle religion, celle qui a pour
nom islam. Elle est la dernière, la meilleure, la plus claire, la
seule qui soit infalsifiable, inaltérable, que l’on ne peut
modifier. Selon certains musulmans, la religion juive est tombée en
désuétude au cours de cette nuit. Les juifs, ne reconnaissant pas
Mohammed comme prophète et l’islam comme nouvelle religion, ont
perdu entre autres tout droit sur la terre de leurs ancêtres,
Israël.
On peut raisonnablement douter que ce soit là le sens à donner
au verset, car il ne précise pas qu’il s’agit de La Mecque, ni de
Jérusalem, ni de Mohammed et encore moins d’une nouvelle religion.
Mais les théologiens musulmans, conscients des doutes que peut
provoquer leur interprétation, affirment détenir une tradition
orale fiable qui confirmerait le sens qu’ils donnent à ce verset.
Pour répondre à nos interrogations, nous suggérons que ce verset
ne fait que compléter un récit qui est raconté ailleurs dans le
Coran, et qu’il est lié aux versets suivants : « Il est l’Auditeur,
le Clairvoyant. Nous avons apporté le Livre à Moïse et en avons
fait le Guide pour les Fils d’Israël. Ne prenez point un protecteur
en dehors de Moi » (17, 2) ; « [Les fils d’Israël sont] les
descendants de ceux que Nous avons transportés dans l’Arche avec
Noé. Celui-ci était vraiment un serviteur fort reconnaissant » (17,
3).

Moïse est bien clairement nommé dans le verset 17, 2. À priori,
le serviteur qui est évoqué dans le verset précédant est donc aussi
Moïse. C’est lui qui a fait ce voyage ; la scène décrite se passe
au mont Sinaï . Avant que D-ieu s’adresse au peuple juif, Il leur
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défend de gravir la montagne, car Il y est présent ; une limite en
interdit l’accès (Exode 19, 12). Moïse la gravit seul, tandis que
le peuple demeure éloigné et se prosterne (Exode 24, 2). La
montagne est en feu, flammes et fumée, et la région plongée dans
l’obscurité (Deutéronome 4, 14 ; 5, 20). Moïse sollicite de D-ieu
qu’Il lui permette de Le voir ; D-ieu refuse. Placé dans une
grotte, Il le couvre de Sa main et passe devant lui, puis Moïse
aperçoit quelque chose de Lui. Il évoque les treize attributs de D-
ieu – Sa pitié etc., puis se prosterne (Exode 33, 17-34). Avant
qu’il ne redescende vers le peuple, D-ieu lui ordonne d’engager les
juifs à ne pas croire en un autre D-ieu (Exode 20, 19-20) et lui
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donne les Tables de Loi .

112 Se reporter à Exode chapitres 19 et 20 ; 31, 18 ; 33, 12 à 34, 10 ; Deutéronome
4, 1-5, 30.
113 Exode 24, 12 ; 31, 18 ; 32, 15-16. Le Coran rapporte cet événement ainsi : « Et
lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son S-eigneur lui eut parlé, il
dit : Ô mon S-eigneur, montre-Toi à moi pour que je Te contemple ! D-ieu dit : Tu



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