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LES LIVRES FONDAMENTAUX DES TROIS MONOTHÉISMES

chronologies des sourates, qu’elles soient établies par les
musulmans ou par les orientalistes, on constate que durant les
nombreuses années passées à La Mecque, les prêches de Mohammed, une
cinquantaine des sourates, s’inspirent exclusivement de la
tradition juive. Le personnage de Jésus n’y est pas encore évoqué
et aucun concept issu du christianisme ne s’y trouve. Cela serait
plus que curieux si le premier maître avait été chrétien. Ce fut
donc bien un juif, qui enseigna la Torah à son élève. Selon nous,
c’est Waraqa qui écrivit le Coran en arabe, le résumé de la Torah,
ainsi que ce que nous appellerons le carnet de bord, dont nous
parlerons au chapitre II.
Pour ce qui est de la période mecquoise, en supposant que le
maître de Mohammed était juif et ne lui avait enseigné que des
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notions juives, nous adhérons à la thèse d’Hanna Zacharias à qui
cette étude doit beaucoup.
Une tradition des juifs d’Afrique du Nord et d’Orient, selon
laquelle le précepteur de Mohammed était un juif érudit, serait
donc fondée.
Selon Ibn Ishaq, quand il encouragea Mohammed à prêcher aux
Arabes, Waraqa avait déjà atteint un grand âge. Ibn Ishaq laisse
comprendre qu’il mourut avant que Mohammed n’exauce son désir, mais
il est plus que vraisemblable qu’il ait été le maître de Mohammed
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jusqu’aux environs de 619 .
Le Calife

Ce titre fut décerné au souverain politique et religieux de la
communauté musulmane. À la mort de Mohammed quatre de ses proches
lui succèdent : son beau-père Abou Bakr, puis un autre de ses beaux-
pères, Omar, lequel fut tué, laissant la place à un gendre de
Mohammed, ‘Uthmân. Après l’assassinat d’‘Uthmân, un autre gendre de
Mohammed, Ali, fut nommé calife. Une guerre éclata entre ses
partisans et ceux d’un autre prétendant au califat, Mu’awiya. En
661, Ali ayant été assassiné à son tour, Mu’awiya s’imposa sur tout
le territoire de l’islam et fonda la dynastie des Omeyades.
Les chi’ites, pour leur part, estiment que le califat ne devrait
revenir qu’aux seuls descendants d’Ali et Fatima, fille de
Mohammed : les imams. Les chi’ites les vénèrent et les considèrent
comme infaillibles. Certains chi’ites, tels les duodécimains,
attendent le retour d’un descendant d’Ali, le Mahdi, comme les
chrétiens attendent le retour du Christ, et les juifs la venue du
Messie.

L’orthodoxie musulmane
L’orthodoxie musulmane fut établie au cours des siècles, après
de nombreuses controverses ; elle se réclame d’une certaine exégèse
du Coran et de la mise en application qui en découle. Les musulmans
d’obédiences différentes sont souvent accusés d’hérésie.
De nombreux versets isolés et des passages entiers du Coran
pouvant prêter à diverses interprétations, les musulmans et les
orientalistes se sont trouvés confrontés au caractère indéfini des

54 Le pasteur Théry Gabriel publia sous le pseudonyme de Hanna Zacharias,
L’islam : entreprise juive de Moïse à Mohammad, 4 vol., Paris, Éd. Du Scropion,
1950 ; voir aussi Moritz Steinschneider, Die Arabische Litteratur der Juden, (La
littérature arabe des Juifs), Francfort, 1902
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55 Pour plus d’explications se reporter aux III et IV chapitres.

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