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ÉPOQUE ACTUELLE ET PERSPECTIVES D’AVENIR
une modernité imposée par l’Occident, l’ensemble des pays musulmans
doit retourner à l’islam des origines, c’est-à-dire à celui de
l’époque de Mohammed et de ses compagnons. Ce retour aux anciens
est dénommé salafya (les Anciens) – salafisme. Le djihad a été
prôné par les salafistes depuis les années trente, au nom de
l’identité musulmane bafouée, si ce n’est niée, par l’occupation
ottomane d’abord, celle des puissances occidentales ensuite. Quant
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au wahabisme, prépondérant en Arabie Saoudite depuis deux siècles,
e
il a appelé au djihad à partir du XIX siècle et continue de le
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faire à travers son enseignement scolaire .
Pour les salafistes, d’autres catastrophes devaient succéder à
la chute du califat ottoman. La Terre sainte allait être occupée
par des occidentaux – des incroyants ; de plus, ils la réserve-
raient aux juifs ! La création de l’État d’Israël et sa victoire
militaire contre les armées des pays de l’islam, coalisés pour
jeter les juifs à la mer, plongèrent les musulmans dans le plus
grand désarroi ; depuis, certains d’entre eux sont obsédés par
l’idée de détruire l’État juif.
Cet acharnement provient en fait d’un problème qui taraude la
oummah depuis ses origines. Les juifs, tout en étant considérés par
Mohammed comme experts en prophéties, s’opposèrent à lui et à son
prophétisme. Ce serait eux, et cela depuis l’origine de l’islam,
qui auraient empêché la réalisation complète de la oummah. De plus,
la chute du dernier califat musulman d’une part et la victoire
d’Israël sur les armées arabes d’autre part, démentent les
promesses du Coran : « Les gens du Livre [juifs et chrétiens] […]
ne sauraient vous causer que des dommages insignifiants. S’ils
s’avisent de vous faire la guerre, ils tourneront bientôt le dos et
ne seront point secourus. L’ignominie sera leur lot s’ils ne
cherchent pas une alliance avec D-ieu et avec les hommes. Et ils
s’attireront la colère de D-ieu et la misère s’étendra encore comme
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une tente au-dessus de leurs têtes » ; « Toutes les fois qu’ils
[les juifs] allument un feu pour la guerre [contre les émules de
Mohammed], D-ieu l’éteint » (5, 64/66). Cela devait se perpétuer
jusqu’au Jour de la résurrection : « Nous avons jeté parmi eux
[chrétiens et juifs] l’inimitié et la haine jusqu’au Jour de la
résurrection » (idem). Les juifs furent en effet maintenus durant
des siècles en terre d’islam dans un état de dhimmitude,
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d’infériorité .
e
À de nombreux musulmans, les bouleversements du XX siècle font
craindre le pire : « Pour chaque communauté il y a un terme. Quand
leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une heure et ils ne
peuvent le hâter non plus » (7, 34).
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Pour respecter les termes du Coran que nous venons de citer, il
faudrait soumettre à nouveau les juifs à la oummah, leur faire
retrouver leur statut de dhimmis. Hassan Al-Banna, fondateur des
Frères Musulmans, écrivait : « Israël existera et continuera
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Ce pays applique officiellement la chariah.
476 Se reporter aux travaux du CMIP, La Démocratie en danger. L’enseignement
scolaire saoudien, Paris, Berg International, 2004.
477 Coran 3, 106-108. Cette citation du Coran figure en préambule à la charte du
mouvement Hamas, 18 août 1988 ; elle fut également souvent cité par l’ayatollah
Khomeiny.
478 Voir Bat Y’eor, Juifs et chrétiens sous l’islam. Face au danger intégriste,
Paris, Berg International, 2005.
479 Cette notion a été inspirée par les textes des prophètes juifs ; voir Jérémie
50, 31.
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