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ÉPOQUE ACTUELLE ET PERSPECTIVES D’AVENIR
boucherie, à la brebis silencieuse devant ceux qui la tondent, il
n’ouvrait pas la bouche. Faute de protection et de justice, il a
été enlevé […]. Mais D-ieu a résolu de le briser, de l’accabler de
maladies, voulant que, s’il s’offrait lui-même comme sacrifice
expiatoire, il vit une postérité destinée à vivre de longs jours,
et que l’œuvre de l’É-ternel prospérait dans sa main […]. C’est
pourquoi je lui donnerai son lot parmi les grands ; avec les
puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à
la mort et s’est laissé confondre avec les malfaiteurs, lui, qui
n’a fait que porter le péché d’un grand nombre et qui a intercédé
en faveur des coupables » (Isaïe 53, 3-13).
Pour les juifs, le sujet qui souffre est le peuple juif tandis
que les oppresseurs sont les nations qui le maltraitent. Il n’est
jamais question dans Isaïe d’un thaumaturge qui fut rejeté par les
juifs pour s’être autoproclamé fils de D-ieu avant que l’Église le
présente comme incarnation de D-ieu tandis que sa mère devenait
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mère de D-ieu...
Les musulmans reconnaîtront-ils un jour les textes de la
tradition juive ? Ils accordent foi à toutes les paroles attribuées
par le Coran à Mohammed et qui leur ont été transmises par leurs
ancêtres. Ces derniers ayant par définition le privilège de ne
s’être jamais trompés, leur tradition serait forcément bonne. Ce
principe est pourtant mis en doute par Mohammed lui-même ;
s’adressant aux Mecquois incrédules, il s’écrie : « Et quand on
leur dit : Suivez ce qu’A-llah a fait descendre, ils disent : Non,
mais nous suivrons les coutumes de nos ancêtres. Quoi, et si leurs
ancêtres n’avaient rien raisonné et s’ils n’avaient pas été dans la
bonne direction ? » (2, 170).
Mohammed suggère qu’un peuple doit rectifier ses erreurs : « D-
ieu ne modifie, en effet, un bienfait dont Il a gratifié un peuple
qu’autant que celui-ci modifie ce qu’il a en lui-même » (8, 53).
Commentons donc deux versets de la prière de la Fatiha du
Coran : « Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que tu
as gratifiés, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des
égarés » (1, 6-7). Voici le sens que le premier maître enseigna à
Mohammed : Ceux que Tu as gratifiés, se sont les juifs. Induits en
erreur par l’enseignement du deuxième maître, les musulmans
placèrent les juifs parmi ceux qui ont encouru Ta colère.
La salafya
L’islam n’est pas une religion monolithique. Certains courants
se réclamant du sunnisme ne prônent pas nécessairement la
suprématie de leur religion sur les autres. Au cours de siècles,
après de nombreuses victoires et défaites militaires, les musulmans
semblent avoir renoncé à pratiquer le djihad. Leurs échecs furent
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perçus par eux, ainsi que le suggère le Coran , comme un châtiment
e
divin. Cependant, depuis le premier quart du XX siècle, différents
mouvements politico-religieux ont radicalisé la vision de l’islam.
Après la chute de l’Empire ottoman, les Frères Musulmans, confrérie
fondée en 1928 par Hassan Al-Banna, se donnent pour objectif de
créer un État islamique fédérant tous les musulmans. Selon eux,
pour résoudre les problèmes du monde arabe confronté entre autres à
473 Le fils se serait substitué au père, expression d’un parricide selon la
psychanalyse.
474 Coran 3, 152.
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