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ÉPOQUE ACTUELLE ET PERSPECTIVES D’AVENIR
Cependant, le Coran n’évoque pas les châtiments qui furent
annoncés par les prophètes à Nabuchodonosor et à son peuple, ainsi
qu’aux autres persécuteurs des juifs : « Si Moi Je Me suis irrité
contre Mon peuple, si J’ai laissé profaner mon héritage et te
[Babylonie] l’ai livré, pourquoi n’as-tu pas eu pitié des
vieillards, pourquoi ton joug a-t-il tant pesé sur eux ? Et tu
disais : à jamais je serai souveraine [sur les juifs] parce que tu
ne prenais rien de tout cela à cœur et ne pensais nullement à la
fin [des Temps)] » ; « Et l’ange qui conversait avec moi me dit :
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Fais la proclamation que voici : Ainsi parle l’É-ternel-Cebaoth, Je
suis rempli d’un zèle ardent en faveur de Jérusalem et de Sion.
Mais J’exprimerai une grande colère contre toutes les nations qui
vivent tranquilles, car alors que Je n’étais qu’un peu irrité, ils
ont coopéré à la ruine [de peuple juif] » (Zacharie 1, 15).
Ézéchiel , Zacharie et d’autres prophètes relatent le châti-
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ment réservé aux nations qui tentent d’empêcher le retour des juifs
sur leur terre. Ces derniers reviendront alors dans leur totalité
vers Lui : « Et D-ieu enverra toutes ces malédictions sur tes
ennemis et sur ceux qui te détestent, ceux-là même qui t’ont
poursuivi, et tu reviendras à D-ieu et tu écouteras Sa parole »
(Deutéronome 30, 7-8).
Nahmanide commentera le verset : « Sur tes ennemis et sur ceux
qui te détestent, ceux-là même qui t’ont poursuivi », en
précisant : « ce sont les chrétiens et musulmans qui les mal-
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traitaient » .
Nous pouvons aussi lire dans le Pentateuque : « Les nations
féliciteront Son peuple [les juifs], car le sang de Ses serviteurs
sera vengé, ses oppresseurs seront punis, et D-ieu consolera Son
peuple de tous ses malheurs » (Deutéronome 32, 43).
Rachi de Troyes commentera : « Les nations féliciteront Son
peuple : voyez la grandeur de ce peuple qui reste attaché à D-ieu
malgré toutes les épreuves qu’il endura. Ils n’abandonnèrent pas D-
ieu parce qu’ils reconnurent Sa bonté et Sa gloire. Le sang de Ses
serviteurs c’est le sang des juifs versé par les mains des non-
juifs. Les oppresseurs de Son peuple seront punis, pour l’injustice
qu’ils lui infligèrent ».
Un passage d’Isaïe est interprété différemment par les juifs,
pour qui il décrit leur situation en exil, et par les chrétiens
selon qui il y est question de Jésus : « Méprisé, repoussé des
hommes, homme de douleurs, expert en maladies, il était comme un
objet dont on détourne le visage, une chose vile dont nous ne
tenions nul compte. Et pourtant ce sont nos maladies dont il était
chargé, nos souffrances qu’il portait, alors que nous, nous le
prenions pour un malheureux atteint, frappé par D-ieu, humilié. Et
c’est pour nos péchés qu’il a été meurtri, par nos iniquités qu’il
a été écrasé ; le châtiment, gage de notre salut, pesait sur lui,
et c’est sa blessure qui nous a valu la guérison. Nous étions tous
comme des brebis errantes, chacun se dirigeant de son coté, et D-
ieu a fait retomber sur lui notre crime à tous. Maltraité, injurié,
il n’ouvrait pas la bouche ; pareil à l’agneau qu’on mène à la
469 Isaïe 47, 6-7. Voir aussi Isaïe 40, 2 ; 52, 3-5 et Jérémie 47-51.
470 Ézéchiel 36-37.
471 Zacharie 13-14.
472 Nahmanide, Rabbi Moïse ben Nahman (Gérone 1191-Acre 1270), acronyme RaMBaN,
er
consigna sa disputation devant Jaime 1 roi d’Aragon, à Barcelone en 1263. Cf.,
La Disputation de Barcelone, Lagrasse, Verdier, 1984.
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