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LES DEUX TRADITIONS

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qu’il n’incendie le Temple , exila la majorité du peuple juif en
Babylonie, mille érudits qui en faisaient partie, surnommés les
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forgerons et les serruriers s’installèrent en Babylonie.
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Quand, de retour d’exil, Ézra lit la Torah devant le peuple , il
est entouré par cent vingt docteurs de la Loi qui s’en portent
garants. Toute tentative de modification, ou encore de
renouvellement, aurait été instantanément rejetée par la tradition
juive .
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Les noms de tous les descendants d’Aaron – le frère de Moïse –
les Cohanim, étaient consignés dans des livres de généalogies,
depuis Aaron jusqu’à Ézra. Ceux qui ne purent attester de leur
généalogie ne furent pas admis au culte du premier, puis du
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deuxième Temple . La famille des grand prêtres est recensée sur
vingt-deux générations, depuis Aaron jusqu’à la destruction du
premier Temple . Les ancêtres du chef des chantres que le roi David
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nomma sont cités un par un, et cela depuis Lévy, le fils du
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patriarche Jacob .
Pour la tradition juive, la modification éventuelle de la
graphie hébraïque qui fut opérée par Ézra , n’implique aucun
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remaniement dans le texte du Pentateuque . L’importance majeure que
les juifs accordent à l’écriture scrupuleuse de chaque lettre du
Pentateuque est notoire .
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Le fait que, à l’époque du premier Temple, des juifs ont été
séduits par les cultes des populations voisines et ont été
idolâtres, n’implique pas que la Torah ait été oubliée. De manière
générale, les juifs en accomplissaient les commandements ; selon le
Talmud, même les rois mécréants les respectaient d’une certaine
manière (Sanhédrin 102 B). Il y eut aussi durant cette période de
nombreux Justes et Sages, parmi lesquels les prophètes, qui
connaissaient la Torah parfaitement et la pratiquaient dans sa
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totalité .
Les martyrs juifs

La transmission de sa tradition est pour le juif un devoir
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sacré . Au cours de l’histoire, subissant la persécution grecque,
romaine, chrétienne et musulmane, les juifs dans leur grande
majorité ont préféré mourir plutôt que de renier leur foi. Des
familles et des communautés entières, hommes, femmes et enfants,
sont mortes par l’eau et par le feu pour avoir persisté à vouloir
rester juives. D’innombrables témoignages sont donnés par le Talmud

416 Rois II, 24, 14-16.
417 Talmud Guittin 88 A.
418 Néhémie, chap. 7 ; Talmud Méguilah 17 B.
419 Talmud Nédarim 37 B, Chabbat 49.
420 Ézrah I 2, 61-63, Talmud Kidouchin 76 B et fin Midoth.
421 Chroniques I 5, 29-41, voir aussi Talmud Yoma 9 A.
422 Chroniques I 6, 18-23.
423 Talmud Sanhédrin 21-22.
424 Talmud Sanhédrin 99 A. Voir aussi M. Kasher, Torah Chleimah : Haketav
véhaotioth, et Tirgoumé HaTorah chap. 20, Jérusalem, 1968.
425 Talmud Érouvine 13 A ; Kidouchine 30 A ; voir l’article de Isaac Silber,
Moscou-Jérusalem, sur ce passage du Talmud Kidouchine.
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Halévy, op. cit.
427 « Notre souci principal, qui est au-dessus de tout autre, est de bien éduquer
nos enfants ; nous considérons comme la chose la plus importante de notre vie de
respecter les commandements qui nous ont été donnés » (Flavius Josèphe, Contre
Apion, 1, 12, texte établi par T. Reinach et traduit par L. Blum, Paris, Les
Belles Lettres, 1930).



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